Jupe trop longue : « Harcèlement moral » d’une vingtaine d’élèves par la principale d’un collège

 Jupe trop longue : « Harcèlement moral » d’une vingtaine d’élèves par la principale d’un collège

L’interprétation de la loi sur la laïcité à l’école donne lieu à des interprétations abusives au détriment d’un nombre croissant d’élèves. Jack Guez/AFP


Deux mois après l’affaire de la jupe trop longue d’une collégienne de Charleville-Mézières, le Collecitf contre l’islamophobie en France (CCIF) alerte sur l’existence de plusieurs autres cas d’interprétations abusives de la loi sur la laïcité. Parmi ceux-ci l’association s’inquiète particulièrement du cas du collège des Garrigues à Montpellier.


 


Exclusions, humiliations, convocations


Avec une vingtaine de cas, la directrice du collège des Garrigues à Montpellier est particulièrement remontée contre les jupes longues de certaines élèves, toutes musulmanes. Depuis fin mars, une vingtaine de collégiennes dans son collimateur « n’ont plus le droit de porter des jupes, font l’objet d’exclusions temporaires ou de menaces d’exclusion, d’humiliations, de convocations répétées dont une auprès d’anciens gendarmes et sans la présence du responsable légal », indique le CCIF dans un communiqué.


Le 6 mars, une élève nommée par sa seule initiale « S » est « convoquée devant sa classe et sommée de se rendre dans une salle où elle a rencontré un homme, dont nous ignorons jusqu’à ce jour l’identité, qui lui a fait un rappel sur le principe de laïcité » en raison de sa jupe jugée trop longue. Même scénario trois jours plus tard, cette fois accompagnée d’une autre élève. Les deux jeunes filles « passeront 7 heures assises devant le bureau de la principale d’établissement », s’indigne le CCIF. La même principale « exigera des parents de S* venus la chercher qu’elle ne mette plus de jupes ».


 


« Harcèlement moral des élèves »


Prétextant avoir transféré le dossier à la préfecture de l’Hérault, l’établissement n’a pas souhaité répondre aux demandes d’explication du collectif, qui craint qu’elle n’ait « fallacieusement associé la jeune élève au djihad en Syrie comme elle le lui avait exprimé auparavant lors d’une fouille de son cartable ». Contactée, la préfecture affirme de son côté avoir retourné le dossier au rectorat.


Ces cas sont loin d’être uniques. Le communiqué du CCIF affirme qu’une « élève de 4e a été exclue en plein contrôle d’anglais et s’est vue signifier par la principale de retirer sa jupe alors qu’elle ne portait qu’un legging en dessous ». Un comportement qui prend l’allure d’un « harcèlement moral des élèves », estime l’association, dont le service juridique avait traité une centaine de cas similaires sur toute la France en2014.


Rached Cherif