Jungle de Calais : Détruisez cette misère que je ne saurais voir

 Jungle de Calais : Détruisez cette misère que je ne saurais voir

La destruction des abris de fortune d’une partie de la jungle de Calais suscite l’indignation des associations (illustration). Denis Charlet/AFP


Le démantèlement de la partie sud de la « jungle de Calais » a repris mercredi dans le calme après les incidents qui ont émaillé le premier jour d’action des bulldozers. Des militants associatifs, qui s’étaient opposés à la destruction des abris de fortune des migrants, avaient été évacués sans ménagement par la police.


 


Le plus grand bidonville de France


« Un dispositif sécuritaire renforcé a été mis en place autour du campement pour éviter des assauts sur la rocade de la part de migrants, celui-ci a été efficace », a indiqué la préfecture du Pas de Calais. Les pompiers ont dû réaliser plusieurs interventions dans la nuit pour des feux de tentes, sans que l'on sache si ceux-ci étaient volontaires ou dus aux fortes rafales de vent et au grand froid que subit la partie nord de la France.


Le démantèlement entamé lundi a repris mercredi sous le regard impuissant de plusieurs migrants. Les travaux avaient été marqués par une série de violences entre policiers et habitants du camp soutenus par des militants associatifs opposés à sa destruction. La zone sud de la « jungle » compte entre 1 000 et 3 450 habitants selon les sources. Même si le gouvernement a promis de reloger les familles sans abri, plusieurs associations dénoncent la mise en place de contrôles à l’entrée et à la sortie du camp de préfabriqués prévu à cet effet, lui donnant des allures de prison à ciel ouvert.


 


« Les bulldozers ne font pas une politique »


Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s’en est pris aux défenseurs des droits des migrants, les qualifiant « militants No border extrémistes et violents ». « Alors que le début de l'opération se déroulait dans le calme hier, des No border ont harcelé, comme ils l'avaient déjà fait vendredi dernier, les agents de l'État qui effectuaient leur habituelle maraude sociale en aide aux migrants », selon le ministère, qui tient à préciser que plusieurs policiers ont été légèrement blessés.


Le ton inhabituellement accusateur du texte témoigne de la fébrilité du gouvernement sur le dossier sensible de la jungle de Calais. Le dénuement des migrants survivant dans le camp a valu à la France les critiques de l’Europe et de l’ONU. Mais, la réponse répressive et similicarcérale apportée suscite l’indignation. « Les bulldozers ne font pas une politique », estiment les auteurs d’un appel au gouvernement.


« Une fois de plus, l’unique réponse qu’envisagent les pouvoirs publics face à la situation dans le Calaisis, c’est l’évacuation d’un camp de réfugiés, et leur dispersion », s’indignent les signataires parmi lesquels l’Anafé, la Cimade, Emmaüs, Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, Euromed Rights, le Gisti ou encore la FIDH. La préfecture a en effet annoncé le départ de 43 personnes récemment délogées vers deux centres d'accueil et d'orientation près de Bordeaux et Montpellier.


Rached Cherif