Journée internationale des migrants : le flou des priorités de la politique migratoire
Samedi (16 décembre) sera organisée une manifestation à l'occasion de la Journée internationale des migrants (officiellement le 18 décembre). Une mobilisation légèrement anticipée, à l'initiative du Collectif pour une nation refuge, qui permettra de mettre en lumière une politique migratoire française et européenne, pas autant tournée vers l'accueil que cela avait été annoncé.
La théorie et les faits
Le 4 juillet dernier, dans son discours de politique générale, le Premier ministre Edouard Philippe réaffirmait la volonté du gouvernement de faire du thème de l'immigration une priorité. La même semaine, la réalité du terrain montrait le travail qu'il y avait à effectuer. Après avoir été de squats en squats pendant deux ans, le 29 juin, un groupe de 200 migrants s'est retrouvé à la rue, sous l'échangeur de Galliéni (Bagnolet, 93), et cette fois-ci dans des conditions plus que limites : « Nous dormons sous le pont et la police ne veut pas que nous montions des tentes ou accrochions nos banderoles. Du coup, nous pouvons juste utiliser des couvertures mais pas de matelas, donc nous dormons par terre » raconte Amadou Traoré, membre du collectif Baras.
Quelle priorité ?
Pour pallier aux camps de fortune régulièrement évacués par la police, les centres d'hébergement se révèlent insuffisants. Outre le problème de la place, de véritables dysfonctionnements structurels sont pointés par les associations. Notamment visée une circulaire datant du 19 juillet 2016 selon laquelle « il est demandé aux préfectures de systématiser la mise en œuvre des procédures de réadmission Dublin ayant pour conséquence de prolonger inutilement le séjour en Chum [centre d’hébergement d’urgence pour migrants] ou CAO [centre d’accueil et d’orientation] de personnes demandeuses d’asile en France » expliquent les associations suite aux résultats d'observations entre le 13 et le 30 juin 2017 au centre de premier accueil (CPA) de La Chapelle, ouvert en novembre dernier.
Dublin
Le Collectif pour une Nation Refuge, soutenu par Paris d'Exil, Revivre, Ensemble, United Migrants, Codac de Bourges, organise donc une manifestation samedi (16 décembre) dans le but de faire entendre plusieurs revendications dont la demande de sortie des accords de Dublin, afin que les demandes d'asile puissent être faites dans le pays de son choix. Des accords qui ont un effet pervers aujourd'hui : « toutes les personnes passées par un autre pays européen avant d'arriver en France sont susceptibles d'être renvoyées de force dans ce pays, alors que la plupart y ont été enfermées et/ou victimes de violences policières. Ces pays renvoient alors vers les pays d'origine, la France sous-traite ainsi le sale boulot » s'indigne le collectif.
La Journée internationale des migrants sera bien l'occasion d'exprimer la volonté d'avoir une autre politique migratoire en France et Europe, d'avoir une vraie politique d'accueil.
CH. Célinain
Manifestation journée internationale des migrants, samedi 16 décembre. 14H, Métro La Chapelle (Paris)