Jeunes isolés étrangers : les gouvernements français en face de leur responsabilité
A l’occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, le collectif « Justice pour les jeunes isolés étrangers » appelle à une mobilisation, toute cette semaine, pour dénoncer les nombreuses atteintes aux droits fondamentaux de ces derniers. Le collectif dénonce un certain immobilisme des structures d'accueil mais est également lucide sur leur manque de moyens.
Quelle mise à l'abri ?
Le message prioritaire pour le collectif « Justice pour les jeunes isolés étrangers » est la prise en charge, la mise à l'abri et la scolarisation nécessaire pour les mineurs, comme l'exigent les accords internationaux. En France, c'est loin d'être toujours le cas selon le collectif : « Dans chaque département, des centaines d’enfants et d'adolescents sont laissés sans protection, sous prétexte d’un manque de moyens, en dépit des obligations qui pèsent sur les conseils départementaux en matière de protection de l’enfance ». Plus que les manquements locaux, c'est toute une politique qui est montrée du doigt.
Responsabilités
Si depuis plusieurs années, le test osseux permettant de déterminer la majorité des jeunes isolés étrangers a largement été critiqué du fait de son manque de fiabilité, il reste encore aujourd'hui très utilisé. Cependant, pour Richard Moyon, co-fondateur du réseau éducation sans frontières (RESF), le problème est structurel : « Quand en 1974, la majorité a été abaissée de 21 à 18 ans, tout un dispositif a été mis en place pour que les jeunes de 18 à 21 ans continuent à être pris en charge. Et depuis tous les gouvernements successifs se sont appliqués à démanteler ce dispositif ».
L'ASE impuissante ?
« Il faut que l'Etat et les pouvoirs publics mettent à la disposition des travailleurs sociaux les
meilleures conditions de travail » explique le co-fondateur de RESF. Ce dernier fait notamment référence aux conditions de travail des professionnels de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) qui sont de plus en plus difficiles. Des conditions dont les premières victimes sont les jeunes pris en charge qui peuvent se retrouver à la rue, le jour même de leurs 18 ans. Pour le collectif « Justice pour les jeunes isolés étrangers », les mesures prises par le gouvernement, sur ce point, ne vont pas dans le bon sens : « Pour seule réponse, le gouvernement envisage de marginaliser encore un peu plus ces enfants et adolescents en les excluant du droit commun pendant la première phase d’évaluation de leur situation ».
Depuis hier (20 novembre), et pour le reste de la semaine, des événements, des rassemblements sont prévus dans toute la France pour dénoncer les conditions de (non) prise en charge des jeunes isolés étrangers et inciter le gouvernement à agir conformément aux accords internationaux.
CH. Célinain