Je ne suis (vraiment) pas Charlie
Daech doit une fière chandelle à Charlie hebdo. Alors que l’unanimité commençait à se faire autour de « l’infréquentabilité » des adorateurs de Aboubakr Baghdadi, la dernière "une" de l’hebdomadaire qui met en scène un dieu assassin, armé d’une Kalachnikov va désormais conforter la thèse du conflit de civilisations (et de religion), principal fonds de commerce de l’islamisme radical.
Bien sûr, cela va faire de nouvelles victimes innocentes, bien sûr les citoyens français, comme les américains, avant eux, vont devenir des pestiférés dans les pays arabes, bien sûr, de nombreux musulmans, juste inquiets d’être constamment sur la sellette vont finir par croire qu’on leur en veut réellement et que par conséquent, puisqu’on leur fait la guerre, autant y aller franchement.
Pourtant, il se trouvera tout de suite quelques thuriféraires zélés pour invoquer la liberté d’expression. « Ils font ce qu'ils veulent et puis c'est tout ! » nous assène ainsi l'ancien ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Le débat avait déjà bien chauffé au lendemain des attentats de Charlie Hebdo de janvier dernier, il va reprendre et ça va certainement cogner ! Adeptes d'une liberté d'expression absolue contre censeurs en chef.
En droit, la liberté d'expression est garantie par toute une armada de textes dont le plus saillant est sans doute l'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, qui est partie intégrante du bloc de constitutionnalité français, qui dispose que : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi ». Mais on oublie souvent que l’abus de liberté est aussi nocif que son absence.
Y-a-t-il des restrictions qui peuvent être apportées à l'exercice de la liberté d'expression ? Dès lors, qu'elle entre en conflit avec d'autres objectifs impérieux. A titre d'exemple, l'article 226-1 du code pénal vient sanctionner son abus lorsqu'elle met en péril le droit à la vie privée; de même, la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, par son article 29, définit la diffamation et ainsi délimite le champ de la liberté d'expression.
Dans le cas d’espèce, la liberté d'expression, sert à jeter l'anathème sur une religion, l’Islam et ses icônes. La caricature est une notion souple que l’on peut mettre au service de n’importe quelle idéologie si elle n’est pas encadrée par des considérations éthiques.
On oublie bien souvent que la presse, au delà de sa vocation première d’informer ou de distraire, a une grande responsabilité dans le maintien de la paix civile, du vivre-ensemble. Ce qui suppose une autre conception, d’autres manières de concevoir la pratique de ce métier… que celles que les logiques de domination d’une idéologie de la liberté imposent aujourd’hui à la France.
Or, à mon humble avis, le radicalisme (du latin radix attitude intransigeante) tombe sous le coup de la loi, qu’il soit d’origine religieuse ou d’inspiration laïque. Le terrorisme gauchiste existe bel et bien et c’est avec l’argent du contribuable français qu’il est financé.
Les croisades de Charlie Hebdo contre le prophète de l’islam, hier et contre son Dieu aujourd’hui , lancées au nom de la liberté d’expression serviraient-elles un agenda établi à l’avance ? A savoir pousser une partie de la population française (les musulmans) à ramper pour quémander une petite reconnaissance pour les plus tièdes d’entre eux et acculer les autres à exprimer leur colère, ne fusse que de manière symbolique pour brandir le fameux « On vous l’avait bien dit, chez les musulmans la violence est innée » ! Sinon, pourquoi croquer ce dieu ridicule, armé d’une mitraillette et les mains entachées de sang ?
Dieu est assez Grand pour se défendre et si des fanatiques, intégristes de la laïcité, bien imbibés d’alcool pensent le tuer, il ne faut pas qu’ils oublient que Nietzche s’est bien essayé à cet exercice : résultat, le philosophe est bien mort et Dieu est toujours vivant.
Abdellatif El Azizi