Un rapport dénonce les « liaisons dangereuses » des entreprises françaises avec les colonies israéliennes

 Un rapport dénonce les « liaisons dangereuses » des entreprises françaises avec les colonies israéliennes

210 000 Israéliens vivent aujourd’hui à Jérusalem-Est dans des colonies illégales au regard du droit international


Au moment où le gouvernement israélien donnait son feu vert jeudi soir à la construction d'une nouvelle colonie, plusieurs organisations pointaient le rôle des banques françaises dans le maintien et le développement de ces implantations illégales au regard du droit international.


Il s'agit de la première annonce par un gouvernement israélien d'une nouvelle colonie depuis 1991, donc avant les accords d'Oslo, en dehors de la reconnaissance rétroactive en 2012 de trois colonies existantes, mais non reconnues par Israël jusqu'alors, selon La Paix maintenant, ONG israélienne anticolonisation. Le cabinet a également approuvé la mise en vente de 2 000 logements dans des colonies de Cisjordanie, sur les 5 700 logements dont la construction avait été approuvée il y a deux mois.


« Benjamin Netanyahu et son gouvernement de coalition extrémiste et raciste persistent dans leurs politiques systématiques de colonialisme, d'apartheid et de nettoyage ethnique », a réagi dans un communiqué Hanane Achraoui, une des dirigeantes de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).


 


« Les liaisons dangereuses des banques et assurances françaises avec la colonisation israélienne »


La veille de cette annonce, plusieurs organisations, dont l’association France Palestine Solidarité, la Fédération internationale des droits de l’Homme et la CGT ont publié un rapport sur « Les liaisons dangereuses des banques et assurances françaises avec la colonisation israélienne ». Ce Document pointe le rôle de certaines banques, assurances et entreprises françaises impliquées dans le maintien et le développement des colonies israéliennes.


En effet, la « colonisation ne pourrait exister sans la contribution des banques israéliennes qui financent les constructions, et des sociétés israéliennes qui fournissent services et infrastructures dans les colonies », rappellent les auteurs du rapport.


Or, l’enquête menée « révèle des liens financiers entre ces entités israéliennes et les groupes bancaires français suivants : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole (et sa filiale LCL), BPCE (et sa filiale Natixis), et AXA ». Les enquêteurs ont identifié des participations minoritaires, de manière directe ou indirecte, dans des banques ou entreprises actives dans les colonies israéliennes. Et ce, malgré leur adhésion à des lignes directrices internationales et leurs engagements relatifs au respect des droits humains.


 


Implication directe dans le maintien et le développement des colonies


Au-delà de ces participations, des entreprises sont directement impliquées dans les colonies, comme dans le cas de l’octroi d’un prêt en 2004 de 288 millions d’euros par un consortium de banques, dont BNP Paribas, Société Générale, Crédit Lyonnais et Natixis, à l’Israel Electric Corporation (IEC) qui fournit les colonies en électricité. Par ailleurs, l’implication directe d’Alstom dans de grands projets d’infrastructures dans les colonies israéliennes « est plus que problématique », soulignent les auteurs du rapport, qui appelle l’État français à intervenir « en tant qu’actionnaire » de l’entreprise.


Le communiqué rappelle que « de nombreuses institutions financières étrangères, publiques ou privées se sont d’ores et déjà publiquement désengagées de banques et entreprises israéliennes actives dans les colonies », au contraire des entreprises ciblées par l’enquête. « L’État français, en laissant les institutions financières françaises financer les entreprises impliquées dans le maintien et le développement des colonies israéliennes, soutient indirectement la colonisation », conclut le communiqué.


Rached Cherif