Interdiction du voile à l’université : « Pas opportun » selon l’Observatoire de la laïcité
Le président de l'Observatoire de la laïcité, l'ancien ministre Jean-Louis Bianco, ne juge « pas opportun » d'interdire le port du voile à l'université, contrairement à ce que souhaite le premier ministre Manuel Valls, dans un entretien au Parisien de jeudi.
Un lieu de débats entre adultes
« Il n'y en a pas besoin et ce ne serait pas opportun », explique M. Bianco qui rappelle qu'« à l'université, on a affaire à des adultes, c'est un lieu de libre débat. On doit respecter la liberté de convictions de chacun ».
« Les étudiants peuvent donc porter des signes religieux, politiques ou syndicaux » et « chacun s'habille comme il l'entend et peut porter une croix, une kippa, un foulard, dès lors qu'il ne conteste pas le cours et ne le perturbe pas », argumente le président de l'Observatoire de la laïcité qui énonce « des précautions à prendre en cas de prosélytisme ». Ainsi, « toute contestation de cours sous forme de menaces, de mouvements protestataires, de pression ou d'exclusion est susceptible de sanctions disciplinaires, qui n'excluent pas le cas échéant des poursuites judiciaires », rappelle-t-il.
La fixation identitaire de Valls
À la question de savoir s'il était favorable à une loi pour interdire le voile à l'université, Manuel Valls a jugé mercredi dans Libération qu'« il faudrait le faire, mais il y a des règles constitutionnelles qui rendent cette interdiction difficile. Il faut donc être intraitable sur l'application des règles de la laïcité dans l'enseignement supérieur ».
Le secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur Thierry Mandon a lui aussi pris ses distances avec les propos du premier ministre en estimant mercredi qu'« il n'y (avait) pas besoin de loi sur le voile à l'université ».
Rached Cherif
(Avec AFP)