Incendie de la mosquée d’Auch : un acte criminel « insupportable » pour le CFCM
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a estimé lundi dans un communiqué que le ministère de l’Intérieur ne tient pas ses engagements en matière de protection des lieux de culte après l’incendie de la mosquée d’Auch. Le sinistre survenu dans la nuit de samedi à dimanche est bien d’origine criminelle selon le procureur chargé de l’enquête.
Explosion du nombre d’actes islamophobes en 2015
« On assiste hélas encore à des actions de plus en plus violentes à l’égard des Français de confession musulmane ou à leurs lieux de culte », malgré les mesures annoncées par le gouvernement, s’est indigné le CFCM dans un communiqué, faisant suite à la destruction de la mosquée d’Auch dans le Gers.
La destruction volontaire du bâtiment « est une preuve de plus de la bêtise humaine et du racisme antimusulman », selon l’association. Par la voix de son président, Anouar Kbibech, le CFCM a qualifié cette nouvelle attaque d’une mosquée « insupportable » et rappelé qu’elle intervenait « seulement deux semaines après l’attaque au cocktail Molotov qui a visé la mosquée de Mérignac ».
Cet acte criminel vient également s’ajouter à la longue liste des actes islamophobes recensés en 2015. Les actes anti musulmans ont augmenté de 281 % par rapport à la même période en 2014, selon l’Observatoire national contre l’islamophobie, qui note également une hausse importante des « appels à la haine sur les réseaux sociaux ».
Une enquête difficile
Le procureur de la République, Pierre Aurignac, a confirmé que l’incendie de la mosquée d’Auch (Gers) est bien un acte « volontaire et réfléchi ». « Un accélérant de type hydrocarbure » a été utilisé, ce qui « explique l’étendue des dégâts occasionnés », a-t-il souligné. Une déduction qui confirme les soupçons des secours qui ont senti une odeur d’essence en arrivant sur les lieux du sinistre.
Lundi soir, François Hollande a condamné « avec fermeté » cet acte malveillant, affirmant que les musulmans de France devaient « pouvoir exercer leur culte en toute liberté et en toute sécurité ». Plus tôt, c’est le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve qui a « apporté son soutien à la communauté musulmane ». Il a été imité par le premier ministre, Manuel Valls, qui a estimé que « l'incendie criminel de la mosquée d'Auch est une attaque contre nos valeurs républicaines ».
Même si la mosquée avait déjà été visée par des jets de lardons de porc après les attentats de janvier à Paris, le procureur a rappelé qu’« il n’existait jusqu’à présent à Auch aucune tension entre les communautés religieuses ». L’enquête pour retrouver les responsables s’annonce donc compliquée.
Rached Cherif