« Identité », « religion » et « culture » : les chevaux de bataille des candidats de la droite

 « Identité », « religion » et « culture » : les chevaux de bataille des candidats de la droite

Sarkozy


« Identité », « religion », ou encore « culture » : à cinq mois de la primaire, ces thématiques resurgissent dans le débat à droite laissant apparaître des divergences. L'ancien chef de l'État, Nicolas Sarkozy a fait la semaine dernière un discours présenté par ses troupes comme « fondateur » dans lequel il défend vigoureusement « l'identité française » et la France « pays chrétien » qui doit être « respectée par ceux qui veulent y vivre ».


 


La primaire à droite passera-t-elle forcément par la case identité nationale ?


Celui qui avait mis en place en 2007 un ministère de l'Immigration, mais surtout de « l'Identité nationale », enfourche de nouveau ce cheval de bataille sans pour autant faire l’unanimité dans son camp. « On n'est plus en 2007, ni en 2012 », a lâché l'ancien patron de l'UMP Jean-François Copé après ce discours. Également candidat à la primaire de la droite, et en froid avec l'ancien chef de l'État pour cause d'affaire Bygmalion. Loin de s’éloigner en substance des positions de l’ancien président, il a proposé de rendre obligatoire à l'école « le lever du drapeau, la Marseillaise et l'uniforme ».


« Nicolas Sarkozy pense que la France n'a jamais été autant à droite » et a « un besoin d'expression de valeurs de droite forte », relevait récemment un de ses soutiens. Entre la thématique de l'autorité « au sens large » (sécurité, immigration, identité…) et celle de l'économie, l'ancien chef de l'État juge qu'en 2017 « ça se jouera plus sur le premier thème que sur le second ».


Ancien sarkozyste, Frédéric Lefebvre, aussi candidat à la candidature, n'est pas du même avis. Il a ainsi reproché au président de LR de « flatter les bas instincts » quand il parle de la France comme « pays chrétien ». Une critique qui semble rejoindre celle du numéro deux du CFCM (Conseil français du culte musulman), Abdallah Zekri, qui trouve que Nicolas Sarkozy va « plus loin que le FN » et « attise le feu ». Nicolas Sarkozy a aussi profité de son discours pour critiquer « l'identité heureuse » promue par Alain Juppé, favori des sondages dans la course à la primaire.


 


« Ali Juppé »


Celui-ci a plusieurs fois fait référence au concept québécois « d’accommodements raisonnables » avec les minorités, un concept parfois controversé, qu'il traduit volontiers par « solutions de bon sens » à pratiquer au quotidien. Dans un billet de blog publié quatre jours après le discours de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé persiste et dit « refuser d’avoir l’identité malheureuse, frileuse, anxieuse, presque névrotique ». « Pour moi, identité ne rime pas avec exclusion ni refus de l’autre. Je veux faire rimer identité avec diversité et unité : respect de notre diversité, affirmation de notre unité », écrit-il.


Dimanche soir sur TF1, l’ancien premier ministre a réitéré son souhait d'un pacte avec les responsables musulmans. Et son refus du communautarisme. Il en a profité pour dénoncer la « propagande » dont il est la cible sur les réseaux sociaux, notamment par la « fachosphère » qui le surnomme « Ali Juppé ». « Quand on veut avoir une position un peu équilibrée et qui ne tombe pas dans les extrêmes, immédiatement on est caricaturé », a-t-il regretté.


Un autre candidat à la primaire, Bruno Le Maire, ne délaisse pas ce terrain lui non plus. Il parle très régulièrement d'un combat pour la « culture » française, mais pas de « l'identité ». L'une « ouvre » et l'autre « enferme » explique-t-il, et il ne cache pas qu'il n'est pas d'accord avec le concept d'« accommodements raisonnables ».


Rached Cherif


(Avec AFP)