Guerre familiale, poursuites judiciaires : sale temps pour le Front national

 Guerre familiale, poursuites judiciaires : sale temps pour le Front national

Affaibli en interne


Les Le Pen père et fille s’écharpent par médias interposés depuis la parution dans Rivarol d’un entretien du fondateur du Front national qui a provoqué un véritable séisme au sein du parti présidé par sa fille. Jean-Marie Le Pen est convoqué devant l’instance disciplinaire du FN alors même que Marine Le Pen et deux de ses proches se voient rattraper par l’enquête sur des soupçons de financement illégal de campagnes électorales.


 


Jean-Marie Le Pen convoqué devant les instances disciplinaires du FN


La présidente du FN Marine Le Pen a annoncé jeudi sur TF1 la convocation de son père Jean-Marie Le Pen « devant le bureau exécutif » du parti « siégeant en sa qualité de structure disciplinaire ». Alors qu'elle a reproché à M. Le Pen, président d'honneur du FN, son entretien récent dans l'hebdomadaire Rivarol, elle lui a demandé de « faire preuve de sagesse, de tirer les conséquences du trouble qu'il a lui-même créé et peut-être arrêter ses responsabilités politiques. »


Le président d'honneur du FN Jean-Marie Le Pen a répondu vendredi sur RTL qu'il « ira(it) se défendre » et « probablement attaquer » devant les instances du Front national devant lesquelles il est convoqué en instance disciplinaire par sa fille. Il a aussi accusé Marine Le Pen de « dynamiter sa propre formation » et a estimé qu'avec la prise de distance qu'elle a effectuée par rapport à lui, la présidente du FN était « en train de se soumettre au système ».


 


Les cadres du FN derrière Marine Le Pen


Florian Philippot, vice-président du FN directement mis en cause par Jean-Marie Le Pen dans la querelle qui l'oppose à sa fille, a redit vendredi à son adresse qu'il fallait « savoir partir ». L'eurodéputé a également rendu un hommage insistant à la présidente du Front national qui sur TF1, « ne s'est pas dérobée », et s’est montré « en femme d’État » en « faisant passer l’intérêt supérieur du mouvement et donc de la France et les Français avant les considérations personnelles et familiales ».


« On verra s'il reste au FN ou pas », a-t-il glissé. « Peut-être qu'il faut avoir la sagesse de savoir partir (…) quand on crée un trouble aussi profond ». Mais en tout état de cause, Jean-Marie Le Pen « n'aura pas l'investiture du FN en PACA » pour les régionales de décembre, a assuré Florian Philippot. Il ne voit pas non plus l’ancien parachutiste lancer un nouveau mouvement pour soutenir une candidature personnelle.


 


L’enquête sur le financement des campagnes de 2012 menace sérieusement le FN


Alors qu’une guerre ouverte fait rage au sein de la famille Le Pen, le parti se retrouve une nouvelle fois dans le viseur de la justice. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi, qui enquêtent sur un « financement illégal » présumé des campagnes électorales présidentielles et législatives de 2012, pourraient demander des explications directement à la présidente du FN, ainsi qu’à deux de ses proches : David Rachline, sénateur du Var et maire de Fréjus, et Nicolas Bay, député européen et secrétaire général du FN.


L’enquête a déjà conduit à la mise en examen de Frédéric Châtillon, proche de la présidente du FN et gérant de la société Riwal, principal prestataire de services du parti. Elle pourrait sérieusement inquiéter les trois responsables frontistes puisque les salaires versés par Riwal à M. Rachline et M. Bay pendant la campagne de Mme Le Pen « s’analysent en dons déguisés aux candidats », selon les magistrats.


Outre les salaires et primes perçus par les deux hommes, soit un peu moins de 12 000 euros, les juges devraient demander des comptes sur le paiement d’une facture de 412 000 euros au Front national pour « des prestations qui auraient pu être réalisées par des imprimeurs à des tarifs très largement inférieurs, et qui pour certaines n’ont pas été effectuées ».


Rached Cherif