Grande manifestation contre les violences faites aux femmes
A l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes (25 novembre), le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) organise une grande manifestation à Paris demain soir (18h30). Un rassemblement pour rappeler que malgré les avancées, la France a encore beaucoup de progrès à faire. Certains événements arrivés cette année l’ont encore prouvé.
La justice déconnectée ?
Cette année, le traitement de l’affaire Jacqueline Sauvage a été très symbolique de la réalité des violences contre les femmes. Après 47 ans de coups et de viols, la femme, sans aide, a fini par tuer son mari.
« La justice n'a rien compris de ce qu'ont pu subir Jacqueline Sauvage et ses enfants (…) Elle a été condamnée avec la loi de légitime défense, alors qu’au moment des faits, elle n’était pas en légitime défense. La décision n’était pas adaptée. On s'offusque qu'il n'y ait que 10 à 16% de femmes qui portent plainte mais si la justice agit comme ça, ça ne les incite pas à porter plainte » selon Suzy Rojtman, porte-parole du CNDF.
Des lois pas appliquées ou non adaptées, des magistrats qui semblent déconnectés de cette réalité, la porte-parole semble désabusée : « Les magistrats, qui délivrent leur verdict pour savoir si Jacqueline Sauvage reste ou pas en détention après la grâce de François Hollande, le font aujourd'hui. Je ne sais s'ils l'ont fait exprès ou s'ils ne connaissent pas le date du 25 novembre… ».
Evolution des lois et démagogie
Les revendications porteront évidemment sur une adaptation des lois et notamment de l’ordonnance de protection : « Ce sont uniquement les femmes victimes de violences conjugales ou menacées de mariage forcé. Nous aimerions que cette ordonnance de protection puisse concerner toutes les femmes victimes de violences, par exemple le viol. Ce qui est dans la convention d'Istanbul, signée par la France… ».
Changer les lois mais aussi les mentalités. Cette année, plusieurs affaires, dont celle du Burkini, a été montée en épingle par les politiques dans cette année pré-présidentielle : « Des gens se sont saisis de cette affaire de burkini, ça continue avec le débat entre Fillon et Juppé sur l'avortement, alors que ce ne sont pas les premiers défenseurs, dans la réalité, des droits des femmes » selon Suzy Rojtman.
Démagogie, réalisme politique, chacun a son avis. Concernant le burkini, le CNDF est clair malgré la complexité du sujet : « Nous avons toutefois une position assez subtile. Nous sommes contre les arrêtés anti-burkini parce que ce n'est pas tenable, c'est n'importe quoi. D'un autre coté, nous disons que le burkini n'est pas un habit comme un autre, mais ça se combat politiquement, pas à coups d'arrêtés, sur la plage… Nous avons donc un chemin étroit, avec un discours complexe et subtil qu’il faut prendre le temps d’écouter ».
Egalité au travail, violences sur les femmes handicapées, ainsi que bien d’autres sujets sont au cœur de cette lutte, loin d’être finie.
CH. Célinain