Good Luck Algeria, du fond du cœur

 Good Luck Algeria, du fond du cœur

Good luck Algeria de Farid Bentoumi. Avec Sami Bouajila


 


Un Franco-Algérien quadragénaire se lance un défi : participer aux JO en ski de fond. Cette quête, d’abord intéressée, lui permettra de renouer avec ses racines. 


 


Les "feel good movies" – films réconfortants – tant prisés par les temps qui courent ont leurs ancêtres : les plus réussis et les plus célèbres, de la Vie est belle de Frank Capra (1946) aux Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, s’inscrivent toujours dans un contexte social particulier (la crise économique, la guerre d’Algérie). Histoire aussi de ne pas trop perdre pied avec la réalité. C’est un peu ce que propose Good Luck Algeria, le premier long-métrage de Farid Bentoumi.


Samir est le patron d’une société de fabrication de skis haut de gamme qu’il a créée avec son ami Stéphane. Mais l’entreprise est menacée de faillite. La seule idée qui s’impose alors aux yeux des deux amis est que Samir se qualifie pour les Jeux olympiques d’hiver en ski de fond sous la bannière de… l’Algérie. Un baroud d’honneur pour Samir (interprété par Sami Bouajila) qui accuse ses quarante ans bien tassés.


 


Explorer la tension identitaire


Le ressort comique de la situation permet surtout au réalisateur d’explorer la tension identitaire qui se joue chez les “binationaux”, pour reprendre cette expression désormais stigmatisante. Parfaitement intégré à la société française, Samir ne s’est en effet jamais réellement senti algérien. Cette nationalité n’existe presque pour lui que sous la forme d’un héritage familial. D’autant que sa mère est une Française d’Algérie.


Pour le coup, le personnage pourrait presque se voir reprocher le fait d’abuser d’un statut “administratif” pour servir une cause personnelle : la survie de son entreprise. La possibilité de s’inscrire dans une discipline sportive peu (voire pas) pratiquée par une “petite” nation sportive devient ainsi un atout des plus singuliers pour qui peut se lancer dans une telle aventure.


Mais les choses ne sont jamais aussi simples qu’elles ne paraissent et Samir doit expérimenter à la fois les tracas de la bureaucratie algérienne, le retour de flamme patriotique de son père et le scepticisme de sa femme. Tiraillé, le personnage finira par se retrouver de façon inattendue lors d’un voyage des plus cocasses dans les montagnes d’Algérie. Un retour aux sources en quelque sorte qui lui permet surtout de savoir plus clairement ce qui fait sa différence. Un “franc-magh”, un Arabe français, un Français d’origine algérienne, peu importe la carte et l’étiquette, l’important est de se sentir bien dans ses baskets.


C’est la belle leçon d’un film résolument optimiste et qui carbure à la bonne humeur. Avec en prime, le tour de force inattendu et révélé à la toute fin par des images d’archives, d’être l’adaptation fictionnalisée du périple de Nourreddine Bentoumi, le propre frère du réalisateur. En 2006, à Turin, celui-ci avait tenté de décrocher une médaille sans succès mais pour le simple plaisir de la quête de soi.


 


Abdessamed Sahali


Good luck Algeria de Farid Bentoumi. Avec Sami Bouajila, Franck Gastambide et Chiara Mastroianni. Durée : 1 h30.