François Fillon : son programme pour les étrangers et les musulmans en France
L’ancien premier ministre de Sarkozy crée la surprise en se plaçant en tête du premier tour de la primaire de la droite.
Les résultats du premier tour de la primaire de la droite ont révélé son lot de surprises en plaçant François Fillon largement en tête – et donc favori pour le second tour – et en éliminant d’entrée Nicolas Sarkozy, qui tentait de faire son retour au plus haut niveau de la politique. Particulièrement clivant, le style et le discours de l’ancien président de la République, en particulier sur la question de l’immigration a sans doute contribué à son échec.
Le programme Fillon : du Sarkozy, les polémiques en moins ?
Avec plus de 44 %, François Fillon inflige une claque sévère au favori des sondages, Alain Juppé (28 %), et surtout à l’ancien président dont il fut le premier ministre, Nicolas Sarkozy (20 %). Ce dernier a pâti d’un discours particulièrement agressif. La « double portion de frites » et les « ancêtres gaulois » l’ont clairement placé à la droite du parti, voire à la jonction avec l’extrême droite.
Les électeurs de la droite et du centre – et sans doute certains de gauche – ont donc préféré placer François Fillon en tête du premier tour. Figure moins controversée du parti, il fait tout de même campagne sur la base d’un programme économiquement libéral, socialement conservateur avec plusieurs mesures concernant les étrangers et l’islam.
Il faut par exemple se rappeler de son discours sur la réhabilitation de la colonisation, entreprise par laquelle la France a « voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord ».
Fillon n’aime pas beaucoup les étrangers
À part parler de réécrire l’histoire, M. Fillon affiche aussi un discours dur concernant les étrangers. Suppression de l’Aide médicale d’État (AME) – réservée aux étrangers en situation irrégulière – ou encore restriction de l'accès aux aides sociales aux étrangers sur la base de condition de résidence font ainsi partie de son programme.
Le député de Paris souhaite également durcir les conditions du regroupement familial, droit pourtant consacré par des conventions internationales, et réduire l’immigration en faisant voter des quotas par le Parlement. Dans la même veine, l’ancien locataire de Matignon réclame un renforcement des frontières européennes, déjà les plus meurtrières du monde.
Il « y a un problème lié à l'islam »
À la sortie de son livre « Vaincre le totalitarisme islamique », M. Fillon a aussi expliqué qu’il « y a un problème lié à l'islam » en France et entend donc mettre en place une surveillance particulière du culte musulman en instaurant un contrôle administratif et en interdisant le financement étranger des mosquées.
Il projette également d’instaurer une instance de concertation entre l'État et l'islam en France. Pour les étrangers représentant un danger pour la sécurité nationale, mais aussi pour ceux coupables d’actes de délinquance, il prône le rétablissement de la double peine (emprisonnement suivi d’expulsion). Des propositions qui, dans l’ensemble, tranchent avec l’image tempérée de l’ancien premier ministre.
Cela étant, son rival pour le second tour, Alain Juppé, a en stock des propositions similaires, notamment sur les quotas d’immigration, l’encadrement de l’islam en France ou encore le conditionnement du regroupement familial. Le maire de Bordeaux suggère même de remettre en cause le droit du sol en conditionnant l'acquisition de la nationalité française pour les enfants nés en France à la régularité du séjour d'au moins un des deux parents au moment de la naissance.
Rached Cherif
