France « pays de race blanche » : Morano lâchée par ses amis
La candidate à la primaire à droite pour 2017 est sous le feu des critiques dans sa propre famille politique.
La polémique provoquée par le passage sur France 2 de Nadine Morano n’en finit pas d’enfler. L’eurodéputée Les Républicains n’a pour le moment pas trouvé de soutien, y compris dans sa famille politique où plusieurs ténors n’ont pas ménagé leurs critiques contre cette chantre de la France « pays de race blanche ».
Tirs croisés de sa famille politique
L’intervention de Nadine Morano sur le plateau d’On n’est pas couché, samedi soir, risque de laisser des traces. Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), Alain Juppé, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire : presque tous les ténors des Républicains (LR) se sont désolidarisée de l’ancienne ministre, voire appellent à la sanctionner après ses propos polémiques. Le président du parti, Nicolas Sarkozy, est en revanche resté jusque-là silencieux après ce dérapage, même si son entourage le dit « consterné ».
« Je trouve la tonalité de cette déclaration exécrable. La République française ne fonctionne pas sur les bases idéologiques de l'apartheid. (…) La race, ce n'est pas le fondement de l'humanité. Le fond du propos est absurde », a lancé la vice-présidente du parti, NKM. Elle appelle d’ailleurs à des sanctions contre leur auteure.
« La notion de race ne me paraît pas quelque chose d'acceptable », a renchéri lundi Alain Juppé. « La nation ne se définit pas par une race, je l'ai écrit maintes fois, et je continue à penser que la plus belle définition de ce qu'est une nation, de ce qu'est une patrie, c'est celle qu'Ernest Renan a donnée au 19e siècle : le lieu du vivre ensemble (…), des valeurs communes, un projet commun, un bien commun, une vision commune de l'avenir », a ajouté le maire de Bordeaux.
Même tonalité chez Valérie Pécresse, candidate LR aux régionales en Ile-de-France. « Pour moi, la France c'est une nation, et une nation, ce sont des personnes qui ont envie de vivre ensemble et qui s'accordent sur un récit commun de leur histoire. C'est un non-sens de parler de race », a-t-elle déclaré. Bruno Le Maire, candidat à la primaire à droite a rappelé sur RMC que « la France ce n'est pas une race, la France ce n'est pas une religion, pas une couleur de peau. La France, c'est une idée, ce sont des principes ».
Morano persiste et signe
« Même Madame Le Pen n'ose plus dire ça », s’est emporté Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, parti allié aux Républicains. Rappelant que Nadine Morano est également candidate à l’investiture LR pour 2017, le maire de Drancy souhaite que la primaire ne soit pas l’occasion d’entendre « une porte-parole du Ku Klux Klan ».
L’intéressée persiste et signe après ce tollé. Elle se dit victime d’un « lynchage médiatique » organisé à partir de propos « totalement instrumentalisés ». « J’aurais aimé que mes amis politiques dont certains se comportent en donneur de leçons mettent la même énergie à combattre le salon de la femme musulmane qui s’est tenu à Pontoise et qui prône la régression du droit des femmes en France », a-t-elle écrit sur Facebook. « Faut-il avoir honte de ce que nous sommes ? » conclut-elle.
Rached Cherif
