FIFDH 2016 : forum de réflexion citoyenne
Chaque année depuis 2003, le Festival International du Film des Droits de l'Homme (FIFDH) propose un large panorama de la production cinématographique documentaire sur le thème des droits humains. Pour cette 14ème édition, des projections de documentaires venant du monde entier (Etats-Unis, Sénégal, France, Palestine, Allemagne, Israël..), des débats, une exposition photographique, construiront, comme chaque année, « un forum de réflexion citoyenne ».
D'hier à aujourd'hui
« La lecture géostratégique et économique des événements triomphe trop souvent au détriment des valeurs humanistes » selon le FIFDH. Comment ne pas en convenir lorsque que l'on voit toutes les tractations des pays occidentaux afin de bénéficier économiquement de « l'ouverture » de l'Iran. En compétition pour ce FIFDH 2016, le documentaire « Those who said no » de Nima Sarvestani (10 avril, Cinéma Luminor, 18h30). Un récit de la mise en place d'un tribunal citoyen fondé par les survivants et proches des victimes iraniennes, opposants politiques torturés ou exécutés dans les années 80. Une réalité plus que tangible pour la réalisatrice puisque son propre frère, membre d'un mouvement étudiant, a été exécuté à l'âge de 19 ans pour avoir milité en faveur de la démocratie en Iran en 1982…
Et en France…
Le FIFDH n'oublie pas notre cher Hexagone qui a eu une année 2015 particulièrement riche : « Au niveau national, l’obsession sécuritaire, l’électoralisme et la montée des extrêmes font reculer la ligne rouge sur des fondements de la démocratie : l’égalité de droits entre les citoyens, l’hospitalité envers les migrants, la tolérance religieuse… ». La France n'est pas exempte de tout reproche surtout lorsqu'on en vient à parler d'accueil des migrants par exemple.
La réalisatrice française Nathalie Loubeyre, s'est intéressée de plus près aux routes migratoires et au principe de « contrôle des flux » à travers son film « La mécanique des flux » (6, 8 et 18 avril, voir programme). Après avoir co-réalisé « No comment » sur les migrants à Calais (en 2009), la réalisatrice embarquait, en 2012, à bord du bateau de la coalition Boat4People pour filmer le périple de cette embarcation qui faisait le chemin inverse des migrants pour dénoncer les morts et pour sensibiliser l'opinion publique. « Même si nous avions tous conscience d’être à rebours de la doxa dominante en cette période de crise économique où le migrant sert de bouc émissaire, chacun avait sur ce bateau le sentiment de vivre un moment exceptionnel et l’espoir d’être au début d’un mouvement international important » témoignait alors la réalisatrice. Les années sont passées, les problèmes sont restés les mêmes voire pires.
Ironie du sort, c'est hier (4 avril), que rentrait en vigueur l'accord migratoire, plus que contestable, entre l'Union européenne et la Turquie, permettant le renvoi de migrants de Grèce vers la Turquie. Cette dernière les renvoyant… vers leur pays d'origine.
F. Duhamel
FIFDH 2016, du 5 au 12 avril puis du 13 au 19 avril.
Programme complet : ici