Faute de parrainages, la députée algérienne Chafia Mentalecheta risque de ne pas pouvoir se présenter aux élections
A une semaine de la date butoir, le 1er mars il sera trop tard, il manque à Chafia Mentalecheta près de 150 parrainages. "Comme j'ai décidé d'y aller seule, hors parti donc, il m'en faut 400 pour pouvoir me présenter aux élections législatives", précise, la voix inquiète, celle qui a été élue en 2012 députée chargée des Algériens installés dans le nord de la France. La loi algérienne indique que seuls les candidats indépendants doivent aller à la course aux parrainages. Le scrutin aura lieu le 4 mai prochain.
Malgré ses nombreux soutiens, la difficulté pour elle d'obtenir des parrainages réside dans le fait que chaque parrain doit se présenter personnellement dans un consulat algérien pour légaliser le formulaire de parrainage. "Or, contrairement en Algérie où le bureau des élections est ouvert jusqu'à 22h, en France les consulats ferment leurs portes à 16h. Ce qui complique beaucoup la tâche aux ressortissants algériens qui travaillent. Est-ce encore une nouvelle discrimination en direction de la communauté algérienne établie en France ?", s'interroge la députée.
Alors que son premier mandat s'achève, Chafia Mentalecheta affiche fièrement son bilan. "J’ai voté contre la loi sur les hydrocarbures et l’exploitation du gaz de schiste, également contre celle qui empêche les binationaux d'accéder aux hautes responsabilités de l'Etat et aux fonctions politiques", souligne-t-elle. Elle a aussi soutenu la loi de finances 2014 qui permet notamment aux ressortissants algériens vivant en France de laisser leur véhicule en Algérie 6 mois d’affilée au lieu des "un mois" habituels.
Sans surprise, elle a apporté son soutien à la loi contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. En France, elle affirme avoir traité plus de 420 dossiers individuels de compatriotes, dont les 3/4 ont été "finalisés positivement".
Mais une de ses plus grandes fierté a été d'avoir boycotté le vote de la révision de la constitution algérienne. "L’article 63 discrimine lourdement les binationaux", rappelle Chafia Mentalecheta qui déplore "l'absence de débat au sein du parlement".
Luttant sur plusieurs fronts durant ces cinq dernières années, la députée n'en finit pas d'activer depuis un mois tous ses réseaux pour pouvoir finaliser sa candidature. "Ce n'est pas simple mais je vais me battre jusqu'au bout", promet-elle, certaine de la nécessité de rempiler pour un second mandat. "Les chantiers concernant les Algériens de France sont énormes", confirme Chafia Mentalecheta.
La députée veut convaincre les autorités de l'urgence d’ouvrir une banque algérienne en France, "avec des produits adaptés à nos besoins type Plan Epargne Transport", détaille-t-elle. Elle aimerait aussi continuer le recensement des victimes du 17 octobre 1961. "Elles pourraient alors obtenir le statut de martyrs, ce qui permettrait d'ouvrir des droits à leurs enfants", pointe la députée.
Autre chantier : améliorer le rapatriement des dépouilles en Algérie. "A chaque fois qu'un Algérien décède, c'est le parcours du combattant pour la famille du défunt", dénonce l'élue.
Plus largement, Chafia Mentalecheta rêve d'un guichet unique afin que les ressortissants algériens vivant en France cessent de se "perdre dans les méandres bureaucratiques particulièrement dans l’accès aux droits et à la justice".
Effectivement, cinq ans de plus pour mener à bien tous ces projets ne seront pas de trop pour la députée algérienne.
Nadir Dendoune
Tous ceux qui ont la nationalité algérienne peuvent parrainer la députée Chafia Mentalecheta. Vous pouvez la contacter à l'adresse suivante: