Exposition « La route des réfugiés » : de la Serbie à Calais…
Depuis hier (11 octobre), le centre d’animation de la Grange aux Belles (Paris 10e) accueille l’exposition « La route des réfugiés », permettant de mieux appréhender la réalité du parcours de ces hommes et femmes en Europe. C’est par le biais du travail de deux photographes, Hugo Aymar et Romain Beurrier, que le visiteur est mis face à la froide réalité de ce parcours dont l’issue est loin d’être toujours heureuse…
Frontière
« Ils se font tous attraper ! La nuit, un large groupe de migrants arpentant de longues routes découvertes et désertent, ils se font repérés et attraper 90 à 95 % du temps » raconte Hugo Aymar. Photo-journaliste, ce dernier a eu l’occasion de se rendre à plusieurs reprises, en 2015, sur le parcours des réfugiés en Croatie, Slovénie, Autriche et surtout à la frontière serbo-hongroise. Depuis la fermeture de cette frontière en septembre dernier, la traversée en est forcément plus dangereuse.
Hugo Aymar a accompagné des réfugiés dans cette traversée à plusieurs reprises : « Ce n’est pas évident, il n’y a pas de passeurs sur cette frontière, juste un ou deux réfugiés qui prenaient le leadership (…) Les traversées durent généralement 5 ou 6 heures, dans le noir. Une fois nous avons dû porter une personne qui avait perdu sa jambe de bois. Nous l’avons porté pendant trois kilomètres. Je n’ai pas pu dialoguer avec lui, il ne parlait pas anglais, maispendant trois heures, il répétait les trois même mots ».
Choquant
« Je n’y suis pas allé avec un angle particulier, je voulais juste essayer de montrer les conditions de vie et cette atmosphère d’attente, de frustration » explique Romain Beurrier. Ce photo-journaliste qui a vécu, notamment, un an en Egypte entre 2012 et 2013, est allé poser son objectif dans la « jungle » de Calais. « Après avoir travaillé dans des pays dits du tiers-monde ou dans des bidonvilles au Caire, c’est choquant de voir de telles conditions d’insalubrité ici. Dans l’absolu ce n’est pas plus choquant ici qu’ailleurs mais voir ça en France … » raconte le photographe visiblement atterré par un tel traitement des migrants.
La vision des migrants est, elle aussi, choquante pour Hugo Aymar : « Ça m’attriste. Les gens que j’ai rencontré sont éduqués, ont des diplômes et ont les moyens de partir. Contrairement aux discours que l’on peut entendre, ce sont des personnes qui voudront retourner dans leurs pays pour l’aider à se relever (…) Les gens ont une peur irrationnelle. Il faut discuter avec les réfugiés ».
F. Duhamel
Exposition « La route des réfugiés », jusqu’au 18 novembre. Centre d’animation de la Grange aux Belles (Paris 10e).