Exposition Calligraffi : « Echanger pour changer »
Après une courte implantation, en 2013, au 111 rue des Pyrénées (Paris 20ème), la Manufacture 111 a rouvert ces portes cet été dans un nouvel emplacement, toujours le 20ème arrondissement. Ce lieu d'expression « dédié à l'art urbain et contemporain » proposera, à partir du 17 octobre, l'exposition Calligraffi, la rencontre entre calligraphie et graffiti. Ainsi deux artistes calligraphes marocains (Noureddine Chater et Larbi Cherkaoui) et deux street-artistes français (SoemOne et The Blind) ont mélangé leurs arts pour donner une exposition unique. Les deux calligraphes nous en disent un peu plus …
LCDL : Qu'est-ce qui vous a amené à exercer l'art de a Calligraphie ?
Noureddine Chater : La rencontre avec la Calligraphie a commencé depuis l'enfance, quand j'allais à la maison des jeunes du quartier pour participer aux ateliers d'arts plastiques. L'animateur était un Calligraphe et depuis l'aventure continue.
Larbi Cherkaoui : J'ai fait une carrière arts plastiques puis j'ai enseigné l'art pendant quelques années. En parallèle, j'ai appris à maîtriser la calligraphie au niveau classique qui demande la maîtrise du souffle, du « Kalam », de la préparation des encres, le plein et le délié. La richesse de l'architecture arabo-musulmane m'a également beaucoup inspirée.
Pour l'exposition "Calligraffi" vous avez travaillé avec deux street-artistes français (The Blind et SoemOne). Comment s'est passée cette collaboration ?
NC : Avec Larbi, nous nous connaissons depuis des années, presque le même parcours ! Nos ateliers sont dans le même bâtiment et nous avons déjà travaillé ensemble sur d'autres projets. Pour la résidence à la Manufacture 111, nous nous découvrons et échangeons encore une fois. Concernant les artistes Street-art, pour moi c'était une grande découverte. Il y a eu un grand échange, je vous laisse découvrir ça le soir du vernissage !
LC : C'est le mariage entre calligraphie et street art, entre deux cultures d'histoire et de richesse. Un mélange de style, un échange de discussions. Parfois il m'arrivait de parler à Noureddine en arabe, j'oubliais ! Mais je m'excusais et traduisait ou Noureddine le faisait. C'était bonne collaboration de la préparation au montage. The Blind et moi avons réussi une super toile où du braille amène une autre dimension d'écriture.
Avez-vous appris des choses des artistes français et, eux, ont-ils appris de vous ?
NC : Oui beaucoup ! C'est l'objectif de la résidence, beaucoup de partage d'expériences des deux côtés, « échanger pour changer ».
LC : Chaque artiste a sa recherche basé sur un thème, le choix du support et la maîtrise de techniques afin d'avoir plein de réactions chimiques selon la lumière, le temps et l'espace. Le but dans une résidence c'est ce partage d'expériences. Personnellement, j'ai utilisé les demi-sphères en résine epoxi que The Blind a réalisé pour écrire son braille. Je m'en suis servi comme des lentilles qui grossissent l'écriture minuscule, à l’œil nu, et permettent d'ajouter une autre dimension à la toile.
Lors de la phase de création, vous étiez tous rassemblés dans le même espace. Avez-vous l'habitude de travailler dans ces conditions?
NC : J'ai fait énormément de résidences au Maroc et ça se passe généralement de la même façon. Nous travaillons dans le même espace ou bien dans ce qu'on appelle les Ateliers Croisés !
LC : Lors de la phase de création j'ai l'habitude de travailler avec d'autres artistes dans des résidences. Mais cette fois c'était à Paris, accueilli par la Manufacture 111 dans le magnifique centre culturel Kensaro pour un agréable moment de création.
Aujourd'hui cette rencontre entre artistes français et marocains se fait en France, serait-il envisageable de rassembler les mêmes artistes pour un événement au Maroc ?
NC : Je crois que ça va se faire, Nous en avons déjà parlé avec les autres artistes. Il y a beaucoup de structures au Maroc pour accueillir ce genre de projet. J'ai déjà quelques idées…
LC : Nous avons proposé au deux artistes The Blind et SoemOne de venir au Maroc découvrir notre culture, nos traditions et de travailler dans nos ateliers. Dans un second temps, avec les réalisations, nous pourrions monter un projet pour les institutions ou galeries. C'est toujours un bonheur de voir les réactions, le regard des visiteurs par amour de l'art.
Propos recueillis par F. Duhamel
« Exposition Calligraffi », du 17 octobre 2015 au 17 janvier 2016 à la Manufacture 111 (Paris 20ème)
Matériaux de l’œuvre de Noureddine Chater.
Noureddine Chater à l'oeuvre.