Evacuation du campement d’Eole : ces migrants trop visibles

 Evacuation du campement d’Eole : ces migrants trop visibles

Le campement d’Eole à Paris. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP


 


C'est en toute discrétion que, quasiment une fois par mois maintenant, des camps de migrants sont démantelés. Ce lundi (6 juin), c'était donc au tour du campement du jardin d'Eole (Paris 18ème) d'être évacué. Ainsi, ce sont de nouveau 1500 personnes qui ont été renvoyées dans les rues de Paris sans aucune solution de logement pérenne. Et pendant ce temps, la mairie de Paris continue les effets d'annonce…


 


Des promesses, des faits


La ville de Paris semble débordée face à aux arrivées régulières de réfugiés. Des solutions sont pourtant avancées puisque, la semaine dernière, Anne Hidalgo, maire de Paris annonçait « la création d'un camp de réfugiés aux normes ONU ». Pourtant la crédibilité de cette annonce a largement été entamée quand, quasi dans le même temps, 22 habitants du campement du jardin d’Éole se rendant aux douches municipales, se sont faits arrêter et se sont vus notifier des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Arrestations qui n'étaient que les prémisses du démantèlement du campement du jardin d'Eole, laissant encore une fois près de 1500 personnes à la rue, qui trouveront refuge dans un campement de fortune, pour s'en évacuer de nouveau… Le cercle vicieux promis aux réfugiés à Paris.


 


Ces migrants trop visibles


« Les jungles parisiennes se succèdent faute de structures d’accueil satisfaisantes et le harcèlement de la police reste constant » constate les associations de défense de droits de l'Homme, bien impuissantes face à ces faits. Un an après l'évacuation du campement de la Chapelle, un mois après l'évacuation du lycée Jean Jaurès (Paris 19ème), aucune solution significative n'a été mise en place. Un statu quo qui posent certaines questions : « Les évacuations successives ont pour objet de rendre invisibles ces indésirables en les éparpillant dans toute Île-de-France, dans des lieux d’hébergement souvent inadaptés et provisoires ». Que ce soit à Paris ou en Europe, personne ne prend de décisions en faveur d'un accueil digne. Cette posture d'attente et d'évacuation quand les camps deviennent trop importants, pénalise en premier lieu les migrants. A la veille d'une compétition européenne se déroulant dans l'Hexagone, attirant ainsi les projecteurs du monde entier, il semblerait que le mot d'ordre soit « cachez ces migrants que nous ne saurions voir »…


 


F. Duhamel