Etrangers à Calais : déplacements forcés, gestion « industrialisée »

 Etrangers à Calais : déplacements forcés, gestion « industrialisée »

Un migrant espérant atteindre la Grande-Bretagne


 


« Un déplacement forcé d'une partie des personnes de nationalité étrangère », voilà ce que le collectif de l'Observatoire de l'enfermement des étrangers (OEE) constate et reproche, dans une lettre ouverte, au Premier ministre, Manuel Valls, concernant la politique menée à Calais. Une gestion dont l'objectif premier ne semble pas être une amélioration des conditions des migrants étrangers qui s'entassent depuis des années à Calais …


 


Gestion « industrialisée »


L'enfermement administratif est-il devenu la règle alors qu'il ne devrait être que l'exception ? C'est la question que pose l'OEE qui a pour objectif de dénoncer « la banalisation de l’enfermement administratif comme mode de gestion des étrangers ». Les différentes associations sur place rapportent ces « déplacements » puis enfermements, que ce soit à Marseille, Nîmes, Toulouse, Rouen, Paris-Vincennes…


Bref, le plus loin possible de Calais, et ce, en toute impunité : « Le côté arbitraire, automatique, voire planifié, ainsi que le côté collectif, quasi industrialisé, de cette gestion des étrangers de Calais pause réellement problème », des mots forts, mais terriblement à propos, employés par Anna Sibley, membre de la FASTI (Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés).


 


Procédures illégales ?


Selon les informations collectées par plusieurs organisations présentes sur le terrain, « des procédures et enfermements abusifs, au détriment des droits individuels, sont constatés tous les jours avec des données et chiffres précis » rappelle Anna Sibley. Et les chiffres sont encore plus éloquents : « Sur plus de 1000 personnes, les deux tiers sont libérées parce que la préfecture


ne prolonge pas la demande de rétention et près d'un tiers libérées par les juges. On peut dire que près de 95% des procédures ne sont pas bonnes et ne servent qu'à évider le Calaisis ».


Si l'on rapporte ce chiffre à la population totale du Calaisis, qui est d'environ 6000 personnes, on ne peut que constater que le phénomène est massif. Le gouvernement mise-t-il sur le fait que la France, traumatisée par les attentats du 13 novembre et essayant de se rassurer avec le dispositif de l'état d'urgence, ne considère pas que cette situation de Calais soit prioritaire ?


Quoiqu'il arrive le collectif de l'OEE, avec cette lettre ouverte à Manuel Valls, montre que beaucoup de personnes restent attentives à ce qu'il se passe dans le Calaisis : « Nous espérons avoir une réponse du Premier ministre et s'il n'y a pas de réponse, nous nous réservons le droit de poursuivre l'action mais au niveau de du collectif de l'OEE, nous n'avons pas encore déterminé sous quelle forme ».


Du répit pour le gouvernement, mais jusqu'à quand… ?


F. Duhamel