En Tunisie aussi, le PS tente de remobiliser ses troupes à un an des élections
Campagne médiatique, bonnes nouvelles sur le front de l’emploi, promesses de baisses d’impôts : l’exécutif et derrière lui le Parti socialiste semblent sonner le rappel des troupes à un an des principales échéances de la vie politique française. La Fédération des Français de l’étranger (FFE) du PS se prépare aussi aux prochaines élections, comme les 29 et 30 avril dernier à Sousse en Tunisie, dans la 9e circonscription des Français de l’étranger.
Le PS déjà en pré-campagne
Il reste tout juste un an avec les législatives et la présidentielle de 2017 et il souffle comme un vent de campagne sur la France. Il faut dire que la dernière semaine d’avril a été faste entre une baisse mensuelle record du chômage, un taux de croissance supérieur aux attentes pour le premier trimestre et l’obtention par l’industrie tricolore d’un contrat historique de fourniture de sous-marins à l’Australie. Prononcée une semaine plus tôt en direct à la télévision, la phrase du président François Hollande, « la France va mieux », avait pu faire sourire ; elle aurait gagné à être dite quelques jours plus tard.
Au plus bas dans les sondages, l’exécutif ne dispose que de 12 mois pour renverser la vapeur, alors que le président sortant est pour le moment donné battu dès le premier tour de la présidentielle dans la plupart des cas de figure. C’est dans ce cadre que le PS a lancé le 25 avril la campagne « Eh Oh la gauche ! » afin de remobiliser son électorat en valorisant le bilan du quinquennat. « On n'est pas là pour se soigner, on est là pour se mobiliser, on est là aussi pour défendre ce que nous avons fait », a affirmé Stéphane le Foll pour le lancement de cette campagne en présence d’une dizaine de ministres.
Un « bon état d’esprit » dans la neuvième
Remobiliser, c’était aussi l’objectif principal de la première coordination des fédérations PS d’Afrique du Nord, qui s’est tenue à Sousse en présence de représentants des sections du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et d’Égypte. Y assistaient également Jean-Yves Leconte et Hélène Conway-Mouret – native d’Annaba –, sénateurs socialistes des Français hors de France, Pouria Amirshahi, député de la « neuvième » et Boris Faure, 1er secrétaire de la FFE.
« Il n’y a pas de démobilisation contrairement à ce que pourraient penser ceux qui ne militent pas au PS ; il y a même un bon état d’esprit malgré les distances importantes entre les sections de cette circonscription », s’est réjoui M. Faure venu inspecter les troupes. La neuvième regroupe en effet le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest, 16 pays et environ 100 000 électeurs inscrits.
« Il faut faire de la pédagogie en mettant en avant les avancées du quinquennat », explique conseiller consulaire Francis Gaetti de la section de Sousse en citant la loi santé, la loi logement, les baisses d’impôts ou encore la réduction des déficits. Il s’agit aussi d’« assumer les erreurs » qui ont conduit au problème de casting actuel avec l’impopularité de François Hollande. Or, « dans la monarchie républicaine qu’est la 5e République, il faut une personnalité forte pour rassembler les Français », reconnait M. Gaetti.
Si les questions concernant les Français établis dans la région ont évidemment été abordées, la désignation du candidat socialiste pour la députation était dans tous les esprits. Pouria Amirshahi, le député sortant, l’une des figures de proue des « Frondeurs », a en effet annoncé début mars sa démission du PS et son intention de ne pas se présenter à sa propre succession.
Qui pour succéder à Pouria Amirshahi ?
« L’investiture est donnée à la fin de l’année par Solferino pour toutes les circonscriptions », a rappelé le 1er secrétaire de la FFE. Mais, « nous avons demandé à organiser une primaire à l’unanimité de la fédération », ajoute-t-il. La décision est pour le moment gelée sur la neuvième qui est particulièrement surveillée par Paris. La fronde menée par le député sortant contre la politique du gouvernement y est sans doute pour beaucoup.
D’aucuns au PS estiment également que la circonscription est l’une des seules impossibles à perdre compte tenu de la nature de son électorat et des liens particuliers de l’Afrique avec la France, mais aussi du fait que le PS y a réalisé en 2012 son meilleur score (62,4 %), toutes circonscriptions de l’étranger confondues. La FFE, qui a donné à la gauche 7 des 11 sièges de députés en jeu (6 PS et 1 EELV), semble en position de peser dans l’arbitrage à venir.
D’autant plus que, vue de la base, la victoire n’est pas assurée. Mais, « si on fait le travail, on va gagner », pronostique Chokri Boughattas, secrétaire de la section de Sousse. Les différentes sections de la région ont confirmé leur souhait de choisir elles-mêmes le candidat et d’éviter un parachutage. Guy Boulet, conseiller consulaire au Maroc a déjà fait part de son intention de briguer l’investiture socialiste. D’autres postulants devraient émerger rapidement, notamment dans les sections de Sousse et de Tunis, où l’on estime qu’un candidat de Tunisie risquera moins de braquer les autres électeurs du Maghreb, qui représentent à eux seuls les deux tiers des inscrits de la circonscription.
Rached Cherif