France. Emeutes, où étaient les politiques ?

 France. Emeutes, où étaient les politiques ?

Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Voitures brûlées, devantures brisées, magazins saccagés et maires menacés de mort. Après avoir montré du doigt les ados des banlieues, voilà que la classe politique française se réveille après un long sommeil et euréka !, elle a trouvé le coupable : ce n’est pas les mineurs qui ont mis la France à feu et à sang mais les vrais coupables, ce sont leurs parents. Dernier politique à se réveiller d’une lourde torpeur, l’ex-ministre Jean-François Copé qui s’interroge dans les colonnes de l’Express, avec une hypocrisie déconcertante « émeutes : où étaient les parents ? ».

Version anglaise : France – Riots : Where were the politicians ?

Le galimatias qui suit ne vaut même pas la peine qu’on s’y attarde tellement, l’ex-ministre délégué à l’Intérieur brasse tous les clichés possibles et imaginables sur la crise de l’autorité parentale mais, comble de l’arrogance, il conclut sur l’exigence d’une nouvelle loi pour punir ces parents, une loi « à rédiger maintenant pour une adoption en octobre par ordonnance » !

Je pense que si on était dans un pays qui respecte vraiment la liberté d’expression, ces mêmes parents pourraient rédiger une chronique qui s’intituleraient « émeutes : où étaient Jean-François Copé et les autres responsables politiques ? ».

Faire porter le chapeau aux parents pour des actes commis par leurs enfants se fait toujours, mais plutôt dans les pires des dictatures où on punit même les frères et les sœurs, voire les cousins pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », quand ce n’est pas tout simplement pour « outrage à chef d’Etat ».

Si la France a basculé « dans un autre monde, celui de la honte » à cause de l’abandon du concept d’autorité, à qui la faute ? A des parents qu’on oblige à applaudir à des modes, des idéologies et des comportements contraires aux valeurs les plus basiques qui régissent le monde ?

Quand on demande à des parents d’imposer à leurs enfants la théorie du genre qui réfute l’évidence d’un déterminisme génétique de la préférence sexuelle et soutient que celle-ci est plutôt liée à des normes sociales, à quoi peut-on s’attendre ? Et ce, au risque de se voir confisquer la garde de ses mômes qu’on va jeter dans un centre ou une famille d’accueil.

Après les organisations catholiques au printemps, de nombreux députés UMP avaient demandé il y a quelques années de cela, le retrait des manuels scolaires de biologie abordant la théorie du genre sur l’orientation sexuelle. Un député UMP avait même écrit à la mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires pour dénoncer « une dérive sectaire ».

Dans son courrier au président de la Miviludes l’élu de Saône-et-Loire avait précisé que « l’emprise mentale de l’action par les promoteurs de la théorie du genre soit à titre individuel soit en micro-groupes est d’autant plus grave qu’elle risque de déstabiliser, notamment les jeunes et les adolescents, et d’altérer leur développement comme le soulignent des psychologues, des pédopsychiatres et des sociologues ».

Ces mêmes parents et leurs jeunes à qui on demande de s’en tenir aux lois et de respecter « les valeurs de la République » constatent qu’en France, on a le droit d’insulter Jésus, de brûler les livres saints des trois religions, mais il suffit juste de malmener le drapeau LGBT pour se retrouver derrière les barreaux.

A ces parents d’origine africaine, musulmane ou arabe (car c’est bien eux qui sont l’objet de la vindicte politique), on demande de renier leur religion pour adopter de nouvelles croyances, de se laisser imposer de nouvelles sacralités, dont celle l’idéologie LGBT.

Après ça, on va s’interroger sur la démission des parents ! Toutes les sanctions du monde ne vont pas restaurer une autorité dont on a usurpé l’identité au profit d’une dictature de la pensée qui fait qu’aujourd’hui que ceux qui pensent contre l’idéologie dominante en Occident sont forcément hors la loi.

La dépolitisation de la société et même son apolitisation, ne sont que la conséquence d’une politique postmoderne qui a tué l’image du chef de famille dépositaire de l’autorité. De toutes les façons et ce, dans toutes les familles, la meilleure éducation, c’est celle qui ouvre un bel horizon à sa progéniture, chaque parent étant convaincu que le meilleur est ce qu’il y a de plus normal pour ses enfants.

Mais avec la fin de la famille, la mort du père, la fin de l’autorité du maître, la rue est tout simplement devenue le champ de contestations de ces jeunes indignés, même si on peut regretter que cette indignation soit basée essentiellement sur un ressenti et qu’elle soit souvent bien loin de la réalité.

Après tout, si les politiques ont une solution à proposer, c’est celle de remettre « sur le droit chemin » ces jeunes paumés, déresponsabilisés, sans appartenance à aucune communauté, ni à celle de leurs parents d’origine ni à celle de la société qui les a pourtant scolarisés (à défaut de les éduquer) qui ne se sentent coupables de rien mais victimes de tous.

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