Elsa Faucillon, députée communiste : « J’ai intégré le groupe d’amitié France-Israël pour faire entendre une autre voix »
Elsa Faucillon est députée communiste des Hauts-de-Seine (92) depuis juin dernier. Très engagée aux côtés du peuple palestinien, elle a par exemple invité, il y a quelques jours, le fils de Marwan Barghouti à l'Assemblée nationale, le plus célèbre prisonnier palestinien. Elle a également demandé au gouvernement français la libération de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien incarcéré en Israël depuis le 23 août. Elle milite aussi pour que la France reconnaisse l'État de Palestine, etc. C'est donc avec surprise que beaucoup ont appris qu'elle avait intégré le groupe d'amitié France-Israël à l'Assemblée nationale.
Clémentine Autain, la députée de la France insoumise, ou André Chassaigne, parlementaire communiste, qui défendent eux aussi les droits du peuple palestinien, ont également fait ce choix. Les députés peuvent s'inscrire à autant de groupes d'amitié qui le souhaitent. Clémentine Autain, André Chassaigne et Elsa Faucillon retrouveront donc au sein du groupe d'amitié France-Israël une cinquantaine de leur collègues parlementaires. Parmi eux, les députés Habib Meyer ou Claude Goasguen, connus pour être des défenseurs infaillibles du gouvernement Nethanyahu…
Elsa Faucillon a accepté d'expliquer au Courrier de l'atlas les raisons d'un tel choix.
Au vu de vos prises de position plutôt "courageuses" sur la question israélo-palestinienne, beaucoup ont été surpris d'apprendre que vous aviez rejoint le groupe d'amitié France-Israël à l'Assemblée nationale. Pour quelles raisons?
Je comprends que les gens aient pu être surpris par ce choix, surtout ceux qui me connaissent. C'est après mûre réflexion, et je dois le dire, assez tardivement, il y a une quinzaine de jours seulement, que j'ai décidé de m'inscrire au groupe d'amitié France-Israël. Avec mon collègue député Jean-Paul Lecoq, nous nous sommes dit qu'en intégrant ce groupe, nous voulions faire entendre une autre voix : ne pas laisser entre eux exclusivement des soutiens au gouvernement israélien. Ne pas laisser également les progressistes israéliens sans interlocuteurs à l'Assemblée. J'ai accepté de faire partie de ce groupe en pensant aux camarades de lutte de l'Union juive pour la paix ou à des gens comme Ayman Odeh du Front démocratique Hadash (NDLR : parti communiste israélien), qui se battent corps et âmes devant la Knesset pour les droits du peuple palestinien.
Peut-on considérer ce groupe d'amitié comme un soutien au gouvernement israélien ?
Non, pas du tout. Comme tous les autres groupes de l'Assemblée, il s'agit d'amitié entre les peuples et non avec les gouvernements. C'est important de le rappeler. Je n'aurais jamais pris la décision de m'inscrire au groupe d'amitié France-Israël s'il apportait un soutien aux autorités israéliennes, surtout en ce moment avec Netanyahu aux commandes.
Je condamne la colonisation intensive menée par le gouvernement Israélien, un gouvernement d'extrême droite, raciste et dont l'impunité doit cesser.
Comment se passent les réunions du groupe ?
Pour le moment, comme je viens d'intégrer le groupe, je n'ai pas eu l'occasion d'assister à une réunion du groupe d'amitié France-Israël. Par contre, je me suis rendue à ma première réunion du groupe d'amitié France-Palestine, la semaine dernière. Ça s'est plutôt bien passé. Les divers bords politiques étaient présents ce soir-là. Nous avons surtout planifié de futures rencontres. Avec ce groupe, nous avons la possibilité de mener des missions, des investigations, etc. Tous ont clairement exprimé leur volonté de faire avancer le dossier sur la reconnaissance de l'Etat de Palestine. Bon, je dois l'avouer : Meyer Habib, qui a rejoint le groupe d'amitié France-Palestine, n'était pas présent !
Propos recueillis par Nadir Dendoune