Education prioritaire pour les lycées : « la difficulté scolaire et sociale ne s’arrête pas à la troisième »
En cette fin d’année 2016, les personnels éducatifs des lycées viennent se rappeler au bon souvenir du gouvernement. Ce matin (29 novembre), le collectif « Touche pas ma ZEP » appelle à une grève nationale afin d’obliger le ministère de l’Education nationale à tenir ses promesses concernant l’éducation prioritaire et surtout le maintien, dans la durée, des moyens supplémentaires dont bénéficient les lycées.
Pour une carte des lycées
« Fin avril 2016 on a appris, au détour d'un courrier de Najat Vallaud-Belkacem au député des Hauts-de-Seine, Sébastien Pietrasenta (Asnières-sur-Seine) que la réforme ne concerne que l'école et le collège » indique David Pijoan, enseignant au lycée Guy de Maupassant de Colombes. Et c’est bien le cœur du problème qui a conduit le collectif « Touche pas ma ZEP » à faire un appel en septembre dernier, signé par 87 établissements dans 14 académies, pour l’éducation prioritaire en lycée.
La réforme REP/REP+ de 2015, ne concerne que les écoles et collèges, d’où la nécessité, selon le collectif, de rétablir une carte des lycées en éducation prioritaire, parce que « la difficulté scolaire et sociale ne s'arrête pas à la troisième. Nous voulons un classement mais surtout des moyens pour nos élèves. Etre à la Courneuve, Sarcelles, Colombes… à 37, 38 élèves par classe, ça nous paraît inimaginable, pour amener nos élèves jusqu'au bac ou jusqu'au diplôme ».
Jeu de dupes
« On a l'impression qu'il y a une sorte de jeu de dupes entre le ministère et nous. Najat Vallaud-Belkacem annonce la création de 450 postes pour la rentrée 2017 dans les lycées défavorisés. Mais il n'y a pas de classement des lycées donc ils mettent la charrue avant les bœufs » explique David Pijoan.
Sans une carte des lycées, les établissements ne peuvent être officiellement classés comme étant « défavorisés ». Pour les enseignants, le ministère de l’Education nationale fait preuve d’un manque de clarté évident et d’une volonté de repousser le dossier : « Dans les derniers rendez-vous, leur réponse est toujours la même : ce sera pour le prochain quinquennat. Nous on attend ça depuis 2014. Le Ministère qui rend sa copie avec deux ans de retard, pour l'Education Nationale, c'est quand même pas demander des délais extraordinaires ».
« Ils improvisent parce qu'ils ne pensaient pas que ça prendrait une ampleur nationale. Nous voulons des réponses durables », clame David Pijoan.
Avec cette mobilisation nationale et le mécontentement grandissant, le gouvernement ne pourra plus se permettre de repousser trop longtemps l’application de l’éducation prioritaire aux lycées.
CH. Célinain