Education en Seine-Saint-Denis : Lavoisier toujours mobilisé !
Lavoisier mobilisé ! Les vacances n'ont pas atténué la mobilisation des enseignants et parents d'élèves de Seine-Saint-Denis et notamment du collège Lavoisier à Pantin (93). Dès la rentrée, ces derniers ne relâchent pas la pression. Mercredi dernier (6 mai), un rassemblement était organisé devant le rectorat de Créteil. La demande principale reste la même qu'avant les vacances, la même que depuis huit ans : un second poste de conseiller principal d'éducation (CPE).
Statu quo
Au lendemain d'un énième rendez-vous à l'inspection académique qui n'a, une fois de plus, rien donné, les enseignants et parents d'élèves ont décidé de se rendre sur les terres des décisionnaires, au rectorat de Créteil. Une quarantaine de manifestants, incluant des enfants, faisaient part de leur mécontentement dans la bonne humeur à coups de trompette, congas et d'instruments moins académiques comme… des poêles à frire. Pour cet établissement de plus de 700 élèves, l'obtention d'un second CPE est quasi vitale. Ce poste clé assure la gestion de la vie scolaire, chose de moins en moins évidente, ces dernières années : « Sans une équipe de vie scolaire avec des effectifs suffisants, on ne peut pas maintenir un climat de sérénité et de sécurité pour l'ensemble des élèves » selon François Barge-Prieur, enseignant du collège.
Soutien des parents
Ces dernières années, le deuxième poste de CPE était occupé par une personne n'ayant pas eu le concours, dont l'équipe enseignante obtenait, au forceps, le renouvellement chaque année. Alors que cette personne a passé le concours et qu'elle pourrait prétendre à un poste titulaire, le poste a été supprimé. Inexplicable : « Au lieu d'avoir quelqu'un de maintenant titulaire, qui est là depuis huit ans qui connaît les familles, qui est respecté de tous, nous allons avoir quelqu'un de nouveau. Dans ce genre de métier, sans un peu de terrain, les situations sont ingérables ». Un poste supplémentaire, stagiaire CPE temps plein, pour un an, loin d'être une solution pérenne. Une situation intolérable pour les parents. Ces derniers participent activement à ce mouvement de protestation pour circonvenir à une certaine dégradation constatée depuis quelques années : « Le collège Lavoisier c'est 2000 heures d'absence par an, soit 75 heures par classe. Un élève de Lavoisier n'aura pas cours pendant trois semaines dans l'année… » s'indigne Jamal Najim, parent d'élève élu FCPE.
Dégradation inéluctable ?
« Nous avons perdu notre seul classement, prévention violence. Nous faisons partie de ces établissements qui sont à la frontière et qui deviennent les plus difficiles (…) On continue à nous parler avec des chiffres, alors que nous parlons avec de l'humain » regrette François Barge-Prieur. La refondation de l'éducation prioritaire semble donc léser ces établissements qui ne sont pas les plus difficiles, mais connaissent néanmoins des difficultés. Des chiffres et des statistiques pour répartir les aides, mais ce sont des réalités bien concrètes que les parents redoutent : « Les classes moyennes et supérieures risquent de fuir Lavoisier dans les années à venir. Il deviendra un collège lambda de banlieue. Donc nous essayons de nous battre pour préserver cette mixité, cette spécificité et c'est le message que nous essayons de porter » explique Jamal Najim.
Malgré leur grande motivation, enseignants et parents d'élèves sont repartis sans avoir pu être reçus, ce à quoi ils s'attendaient, mais sans même un rendez-vous à une date ultérieure ; ce qu'ils espéraient. Le rectorat de Créteil fait donc la sourde oreille, mais, en lutte depuis huit ans, les enseignants de Lavoisier connaissent la musique et préparent la suite des opérations.
F. Duhamel