Deux propositions de loi pour une réparation de l’esclavage

 Deux propositions de loi pour une réparation de l’esclavage

Cécile Duflot


C’est l’étape suivante, 16 ans après la loi Taubira. Deux propositions de loi vont être déposées demain, à l’occasion de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Cécile Duflot, députée de Paris, et Louis-George Tin, président du CRAN, ont présenté le contenu de ces textes à l’Assemblée nationale ce matin.


« Cette histoire est derrière nous mais on doit surtout la regarder en face, avec franchise et humilité, et avec une obligation, celle d’envisager une réparation », affirme d’entrée de jeu Cécile Duflot. Le premier texte déposé demain vient donc compléter la loi Taubira de 2001. Il propose de réparer les dommages liés à l’esclavage, au travail forcé et à la colonisation.


« Cette question est un impensé qui demeure, une faille encore béante de notre société française. Cette proposition de loi doit ouvrir un débat ! », explique la députée de Paris, « la réparation est le pas nécessaire pour apaiser les consciences ».


Encore plus impensé


La 2e proposition de loi porte sur la reconnaissance du travail forcé dans les colonies comme crime organisé contre l’humanité. « Une violente domination des populations pour laquelle la responsabilité de l’Etat est totale » explique Cécile Duflot. « Question moins connue mais tout aussi tragique », ajoute Louis-George Tin, « il est nécessaire d’aborder cette question pour notre histoire puisqu’elle est encore plus impensée ».


Moment historique


François Hollande doit annoncer demain la création d’une Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage. « C’est un pas et ça ne suffit pas », anticipe Louis-George Tin, « en 2012, on nous disait que la question des réparations était impensable voire utopique. Lorsqu’il n’y a pas de réparation, on organise l’impunité. Et qui dit impunité, dit risque de récidive ». Le dépôt de ces deux propositions de loi, demain, devrait donc être « un moment historique à bien des égards », comme le souligne très justement le président du CRAN.


Chloé Juhel