Deux élèves d’Aubervilliers privés de déplacement sportif en Palestine, parce que non Français
Deux élèves du lycée d'Alembert d'Aubervilliers ont découvert à leurs dépens la discrimination exercée par les autorités israéliennes à l’égard de certaines nationalités. Dans le cadre d’un projet d’échange, des jeunes de Seine-Saint-Denis se sont rendus en Palestine début avril, sauf deux jeunes du groupe de garçons du lycée d'Alembert d'Aubervilliers qui ont été privés du séjour par l'Ambassade d'Israël en France.
La paix et la solidarité par le sport
La Fédération sportive et gymnique du Travail (FSGT) de Seine-Saint-Denis a noué de nombreuses coopérations à l'international, notamment pour promouvoir la solidarité et la culture de la paix à travers la pratique du sport. C’est dans ce cadre que 14 footballeurs palestiniens de Tulkarem et 6 handballeuses palestiniennes de Jénine ont été invités en région parisienne en 2016. Ce projet, intitulé « Je joue je rencontre le Monde », vise à promouvoir l'égalité de l'accès à la pratique sportive comme droit fondamental et comme vecteur de rencontres interculturelles. Il est soutenu par le département de Seine-Saint-Denis et l'Union Européenne, via le programme Erasmus+ jeunesse.
Dans la deuxième phase du projet, autant de jeunes Franciliens – 14 garçons de la section football du Lycée d'Alembert d’Aubervilliers et 6 handballeuses de Clichy-sous-Bois – se sont rendu en Palestine du 31 mars au 9 avril. « Enfin pas tous, puisque deux garçons ont été privés du séjour par l'Ambassade d'Israël en France », ne décolère pas Clément Rémond, coprésident du comité FSGT de Seine-Saint-Denis.
Les handballeuses de Clichy-sous-Bois et leurs partenaires de Jénine en Palestine
Israël : maitre des frontières palestiniennes
La représentation israélienne à Paris « n’a même pas instruit leurs demandes de visas », malgré l’insistance des organisateurs. Les deux élèves, un Tunisien et un Ivoirien, en séjour tout à fait régulier en France, devaient obtenir le sésame pour le voyage. Les frontières palestiniennes sont en effet contrôlées par la puissance occupante, par laquelle doivent transiter tous ceux qui se rendent en Palestine.
« Nous avons rempli les dossiers de demande de visas dans les conditions stipulées », explique M. Rémond. Mais, l’ambassade rétorque qu’il « faut un mail du ministère de l'Intérieur israélien » pour les séjours sportifs. « À aucun moment, cela n’est stipulé », note l’organisateur, qui dénonce un refus « illégal, injuste et arbitraire qui empêche deux jeunes, très impliqués sur ce projet, de vivre une expérience unique dans leur vie ».
Sollicité, le Consul général de France en Palestine a reçu le groupe de jeunes en visite à Jérusalem. « Le consulat a pris notre demande très au sérieux, mais malheureusement les délais étaient trop courts pour qu’il intervienne efficacement », regrette le coprésident de la FSGT. Le Consul général a néanmoins condamné officiellement cette décision de l'ambassade d’Israël en France. Même constat d’impuissance de la part du Ministère des Affaires étrangères français et du ministère des Sports.
Rached Cherif