Des travailleurs immigrés traités comme des citoyens « de seconde zone »

 Des travailleurs immigrés traités comme des citoyens « de seconde zone »

Illustration – Incendie foyer de travailleurs migrants. AFP


Un incendie dont les causes restent encore très floues, des descentes de police amenant à des placements en centre de rétention, des fermetures de lieux de vie collective sans aucune concertation, les foyers seraient-ils devenus des zones de non-droits pour les travailleurs immigrés ?  


 


Pour dénoncer ces conditions de vie, des associations appellent à un rassemblement devant le siège du bailleur Adoma vendredi (21 avril), espérant attirer l’attention sur ces agissements en cette période électorale.


Salles de prière et cuisines collectives fermées


« Il y a eu des grèves dans les foyers car des cuisines collectives ont été fermées brutalement, sans concertation. Des cuisines, des salles de prière… et ce dans divers foyers : Reuilly Diderot, porte de Clichy et Riquet… » selon le collectif pour l’avenir des foyers (COPAF). A Paris et en région parisienne, les foyers ressemblent de plus en plus à de simples dortoirs : « Au foyer de Sainte-Geneviève-des-Bois (91) ou d’Argenteuil Buttes Blanches dont les résidents vivent dans des chambrettes minuscules de quelques m² et qui résument ainsi leur vie au foyer : « nous n’avons plus que les couloirs » pour éviter l’isolement et se rencontrer ».


Les cas se multiplient : fermetures des cuisines collectives, des salles de prière, des salles de repos… Ne reste que le minimum vital. Des prestations au rabais pour des loyers qui, eux, sont à la hausse. Pour seule réponse, les comités de résidents n’ont droit qu’au silence assourdissant des gestionnaires, notamment Adoma.


Silence coupable ?


« Les responsables ne répondent plus, ni aux courriers, ni aux demandes de rendez-vous. Ils signent un protocole (de fonctionnement des conseils de concertation) qu’ils n’appliquent pas » explique le COPAF. Le fait que les responsables d’Adoma est effectivement loin d’être anodin. Surtout vu les changements constatés lors des rénovations de foyers de travailleurs immigrés, à savoir la suppression des lieux de vie. Des faits qui tranchent avec des résidences destinées à d’autres publics : « Alors que les résidences pour étudiants, pour personnes âgées ou handicapées, pour jeunes actifs… ont des espaces de convivialité et de réunion en nombre (dont tout le monde se félicite) avec droit au culte, les travailleurs immigrés deviennent uniquement de la « matière payante » ».


Le rassemblement de vendredi permettra aux résidents des foyers de mettre les gestionnaires face à la réalité de leurs actes dans ces foyers et de réclamer « le droit entier à la vie privée, l’obligation pour l’Adoma de dialoguer avec leurs comités de résidents et leur coordination ». Un minimum qui est de moins en moins évident dans ces foyers…


CH. Célinain