Des rencontres estampillées Airbnb pour trouver un toit aux réfugiés

 Des rencontres estampillées Airbnb pour trouver un toit aux réfugiés

© Réfugiés Bienvenus


C'est dans l'intimité d'une maison avec jardin, en plein cœur du vingtième arrondissement de Paris, que le cinquième Meet up Airbnb, ayant vocation à trouver des hôtes pour les réfugiés, a été organisé. Ce sont une trentaine de personnes, dont des hôtes Airbnb, résidant dans le vingtième, des réfugiés et des membres de l'association Réfugiés Bienvenus, étaient réunis pour discuter, présenter cette initiative et, bien évidemment, trouver des hôtes. 


Une initiative personnelle


Pour retrouver l'origine de ces Meet up Airbnb, il faut retourner un an et demi en arrière. Septembre 2015, suite à la vague d'indignation provoquée par le drame des migrants et réfugiés amplifié par la diffusion massive de la photo du corps sans vie du jeune Aylan sur les plages turques, Florent S. veut faire quelque chose. Employé chez Airbnb, mais également hôte Airbnb, il veut agir : « Je me suis dit, si je peux le faire pour des touristes, je peux le faire pour des demandeurs d'asile, pour des réfugiés ». Ainsi il contacte l'association Réfugiés Bienvenus mettant en contact les demandeurs


d'asile et réfugiés qui ont besoin d'un logement, avec les particuliers qui ont un logement. L'association lui présente Amjed, demandeur d'asile syrien, originaire d'Idlib : « Amjed m'a dit que pendant deux mois il avait voyagé à pied et par bateau depuis Alep. Qu'il avait dormi à Stalingrad pendant deux semaines. A l'époque nous parlions en anglais, il m'a dit que son rêve était de devenir médecin à Paris » raconte Florent S. Ce dernier est parti vivre chez ses parents, laissant son appartement à Amjed.


Le salarié d'Airbnb a cherché avec le réfugié un moyen de lui financer des cours de français. En mobilisant beaucoup de gens, dont des employés Airbnb, 6000 euros ont été levés en huit jours. En mars 2016, Amjed conversait en français. En mai, il a eu son statut de réfugié et le 1er septembre 2016, il est en entré en première année de médecine.


Ne serait-ce que 1%


« En 2015, j'avais gagné 4000 euros en accueillant des voyageurs. Mais là j'ai accueilli quelqu'un durant trois mois mais j'ai l'impression d'avoir gagné beaucoup plus » précise Florent S. Suite à cette expérience, il en a parlé en interne et l'idée a séduit. Ainsi, en collaboration avec Réfugiés Bienvenus, des Meet up Airbnb sont organisés au niveau local : « Comme nous avons 60 000 hôtes à Paris, on se dit que même si on arrive à en convaincre même 1% des gens pour


accueillir pendant un mois ou deux (…) ce serait quand même 600 personnes hébergées ». Initiateur  du projet, Florent a rencontré de nombreux sceptiques mais son expérience au sein d'Airbnb le conforte dans son optimisme : « Je suis chez Airbnb depuis 5 ans (…) Je suis arrivé, il y avait 3000 hôtes à Paris, maintenant on est à 60 000. En France, il y en avait 7000, maintenant on en a 400 000. Il ne faut pas croire que tout est bloqué. Parfois c'est par de petits gestes, des petites idées, le bouche-à-oreille, que les histoires se véhiculent et c'est un peu le sens de notre Meet up ».


En développement


Aujourd'hui, l'entreprise Airbnb s'est emparé du problème des réfugiés, surtout depuis un fait bien précis selon Florent S. : « L'un des éléments déclencheurs a été l'arrivée de Trump au pouvoir aux Etats-Unis, avec le Travel Ban, interdiction de voyage pour ressortissants de sept Etats du Moyen-Orient et d'Afrique. Nous nous sommes dits « Non ! Nous nous positionnons contre ce genre de politique ». C'est très rare aux Etats-Unis que les entreprises prennent des positions comme ça, parce qu'il n'y a aucun intérêt au niveau business ».


A circonstances exceptionnelles, faits exceptionnels ? Toujours est-il que Airbnb a décidé d'accueillir, dans les cinq prochaines années, au niveau mondial, 100 000 personnes dans le besoin via la plate-forme : « Airbnb est en train de construire un site pour permettre de le faire à une échelle, non pas locale, mais mondiale. C'est un engagement de l'entreprise et du PDG Brian Tisky ».


En attendant, l'initiative parisienne, en collaboration avec Réfugiés Bienvenus, commence à donner des résultats. Des réfugiés sont accueillis de façon pérenne, leur permettant de remplir leurs obligations administratives et de commencer à construire une vie. En cela, c'est déjà une réussite.


CH. Célinain