Des réfugiés sous assistance associative

 Des réfugiés sous assistance associative

40 réfugiés


 


Dans un foyer Adoma de Gennevilliers, 40 réfugiés, en majorité soudanais, ont débarqué il y a quelques semaines. Un collectif associatif s’est constitué dans l’urgence pour aider dans un premier temps. Face à l’absence des pouvoirs publics, ils ont pris les choses en main. Reportage.


 


« Nous étions là pour du soutien dans l’urgence, fournir de la nourriture, des vêtements, on en arrive à se professionnaliser » explique Houria Sehili, l’une des membres du collectif qui s’est constitué dans l’urgence à Gennevilliers.


Au départ, des réfugiés syriens devaient débarquer dans ce foyer Adoma de Gennevilliers. Finalement ce sont des Soudanais, pour la plupart, qui atterrissent dans cette ville des Hauts-de-Seine. Un changement « sans explication » qui ne modifie pas la donne pour les bénévoles, « peu nous importe l’origine ».


Une quarantaine de réfugiés, qui dormaient sous le pont d’Austerlitz, ont donc atterri dans ce foyer Adoma à la demande du Préfet qui a réquisitionné les chambres. Dans ce foyer, fréquenté essentiellement par des Chibanis, l’accueil est sommaire. « Ils sont hébergés individuellement dans une chambre de 7m2, sans WC ni cuisine. Il y a une cuisine collective par étage » précise Houria Sehili.


Très vite autour du collectif, la solidarité s’est organisée. Le Secours Populaire a fait un premier dépôt de nourriture avant que la générosité ne fasse le reste. « Des gens de toute la France ont fait des dons, beaucoup de personnes de la commune nous ramènent chaque soir de quoi manger ».


Dans une petite salle du RDC, « prévue pour les réunions », le collectif s’organise. Véritable lieu de rassemblement pour les réfugiés, « nous y tenons une permanence chaque soir de 18 à 21h », cette pièce permet à chacun de venir s’approvisionner en nourriture, mais pas seulement, « nous offrons également des cours de français. Jocelyne donne 4 fois deux heures de cours par semaine ».


La mosquée prête également ses locaux et l’association des travailleurs maghrébins français (ATMF) donne des cours le vendredi à 18h. « Il faut voir comme ils sont motivés, ils ne veulent pas s’arrêter, même au bout de deux heures, il y a une réelle envie de s’intégrer » souligne Houria.


L’âge moyen des réfugiés est de 25 ans. En cours de demandes d’asile, ils peuvent compter sur les bénévoles pour les aider au quotidien. « Adoma doit gérer les demandes d’asile, sauf qu’il y a seulement une personne pour gérer les demandes de trois foyers, à Gennevilliers, Clichy et Colombes, ils sont débordés ».


Ce sont donc les bénévoles qui ont pris le relai. Ils s’occupent de la paperasse afin que chaque réfugié puisse signer une acceptation d’entrée en Cada, obtenir un récépissé de 6 mois et bénéficier de l’ada (aide financière d’environ 400 euros).


Entre 3 et 5 bénévoles par jour se relaient, les accompagnant même chez le médecin. « Un à la gale, un autre la tuberculose, il a donc fallu l’emmener au centre anti-tuberculose du département ». Adoma a même demandé aux bénévoles de s’en charger…


Une belle solidarité qui ne doit pas masquer les absences du gouvernement et des municipalités. Si les réfugiés non syriens intéressent moins, la façon de faire interpelle.


D’ailleurs à Gennevilliers, personne de la mairie ne s’est déplacé. Face à ce vide, les bénévoles ont emmené quelques réfugiés avec eux à l’occasion de l’inauguration d’un terrain de tennis par le maire. Sous son nez, l’édile s’est contenté d’un, « je soutiens la Palestine ». Visiblement une phrase passe-partout qui donne le droit de fermer les yeux sur les autres.


Ces Soudanais qui ont fait un périple sans fin pour fuir la répression au Darfour où « des milices gouvernementales les traquent » comme des animaux n’ont pas le droit aux mêmes égards. Le génocide qui dure depuis 10 ans dans leur pays émeut moins les politiques. Heureusement, ils peuvent compter sur la solidarité citoyenne.


 


Jonathan Ardines


Pour aider : 


https://www.facebook.com/Collectif-Solidarit%C3%A9-R%C3%A9fugi%C3%A9s-Gennevilliers-1638489226421776/likes/



Une quarantaine de réfugiés, qui dormaient sous le pont d’Austerlitz, ont atterri au foyer Adoma. Crédit photo : Jonathan Ardines



Houria, l’une des membres du collectif associatif, dispense aux réfugiés des cours de français. Crédit photo : Jonathan Ardines



En cours de demandes d’asile, les réfugiés peuvent compter sur les bénévoles pour les aider au quotidien. Crédit photo : Jonathan Ardines