Des associations se mobilisent contre la chasse aux sans-papiers dans les foyers

 Des associations se mobilisent contre la chasse aux sans-papiers dans les foyers

Photo : Olivier Donnars / NurPhoto / AFP


 


Stopper la chasse aux sans-papiers dans les foyers. C'est dans ce but que de nombreuses associations ont appelé à un grand rassemblement ce vendredi (12 février) devant l'Adoma, une des sociétés gestionnaires des foyers en Ile-de-France. Pour les associations, le but sera de rencontrer les responsables logement de la mairie du 18ème afin de mettre un terme aux interventions illégales de la police, de concert avec l'Adoma, au cœur des foyers pour rafler des sans-papiers.


 


En toute illégalité


Le 15 décembre dernier, au foyer Marc Seguin (Paris 18ème), des policiers avec des chiens, accompagnés de responsables d'Adoma, rentraient dans les chambres pour « capturer » des sans-papiers, sans aucune commission rogatoire signée par le procureur. Le prétexte invoqué par le gestionnaire pour cette descente était une rumeur de commerce de drogue et de prostitution.


Prétexte fallacieux selon Jean-Claude Amara, porte-parole de l'association Droits Devant : « Nous savons que ce sont des affabulations (…) La police n'a évidemment rien trouvé. D'autant que 98% des résidents du foyer sont musulmans et très pieux (…) Ils en ont profité pour rafler 21 sans-papiers dont 6 ont été expulsés du territoire français depuis ».


 


Chaîne de responsabilité


Le 12 janvier, l'association Droits Devant appelle à un rassemblement devant le siège de l'Adoma avant d'être reçue à la Mairie du 18ème : « On sent bien qu'il y a une volonté de la part d'Adoma d'organiser une chasse aux sans-papiers dans les foyers (…) Il y a une chaîne de responsabilité et la mairie de Paris est en lien avec tous ces gestionnaires (…) Il y a une chasse aux sans-papiers mais aussi une volonté générale, gouvernementale d'organiser la casse des foyers », selon le porte-parole de l'association.


Pour ce dernier, l'objectif des gestionnaires est bien de mettre fin à ce système solidaire, en place depuis des dizaines d'années : « Sous prétexte de faire des réfections dans les foyers (…) ils font les travaux, ils suppriment les salles collectives, les cuisines, les salles de prières… Pour commencer à transformer ces foyers en résidences sociales (SDF, nouveaux arrivants, résidents…) ».


 


Climat délétère, solidarité nécessaire


Les résidents officiels des foyers qui se croyaient, à juste titre à l'abri, deviennent eux aussi concernés dès lors que la casse des foyers se profile à l'horizon. Ainsi, Droits Devant, avec d'autres associations, travaillent à créer de la cohésion entre résidents officiels et sans-papiers : « Nous essayons de créer des liens très forts entre les résidents officiels et les sans-papiers (…) Nous passons notre temps dans les foyers à discuter, à informer… Nous sentons bien que l'inquiétude devient de pus en plus forte » explique Jean-Claude Amara.


Avoir des objectifs communs, se montrer solidaires face à des pratiques, des rafles complètement illégales. Pour le porte-parole de Droits Devant, si ces interventions illégales dans les foyers peuvent avoir lieu aujourd'hui, c'est grâce à l'état d'urgence. En constat particulièrement parlant pour la rafle du foyer Marc Seguin : « Les avocats du foyer Marc Seguin ont souligné dix points de nullité de cette procédure. Les juges n'en ont pas tenu compte. Ils en auraient tenu compte il y a quelques mois, avant l'état d'urgence, c'est évident. Mais ce sont des africains, des musulmans, vous comprenez… ce climat d'état d'urgence s'instille jusque dans l'esprit de certains juges ».


 


En janvier dernier, les associations avaient réussi à réunir plus de 1000 personnes dans les rues parisiennes. Elles espèrent en rassembler encore plus pour montrer l'amplification de la mobilisation et enfin, mettre un terme aux agissements illégaux des gestionnaires comme Adoma.


 


F. Duhamel


Rassemblement devant l'Adoma (Métro Cambronne), le 12 février 2016 à 17h00.