Délit de solidarité : le MRAP souligne le double discours du gouvernement

 Délit de solidarité : le MRAP souligne le double discours du gouvernement

Augustin Grosdoy


Suite à la condamnation de Cédric Herrou, le 8 août dernier, par la cour d’appel d’Aix-en-Provence, à quatre mois de prison avec sursis, pour avoir aidé des migrants, de nombreuses organisations ont apporté leur soutien au militant. C'est notamment le cas du MRAP qui dénonce la criminalisation de l'aide aux migrants. Augustin Grosdoy, co-président de l'association, s'inquiète du durcissement de la politique migratoire. Entretien.


LCDL : La multiplication des arrestations de citoyens aidant les migrants traduit-elle un acharnement du gouvernement ?


Augustin Grosdoy : Nous sommes dans une situation assez globale, au niveau de la France et même au niveau de l'Europe, face à un durcissement des politiques par rapport aux migrations et des attitudes face aux arrivées de migrants.


Ça se situe dans un cadre plus général, l'Italie qui s'en prend aux ONG qui tentent de sauver des vies en Méditerranée, les Hotspots que Macron tente d'installer au Niger et peut-être au Tchad, la politique à Calais… Il s'agit, sur le front intérieur, de sanctionner tous ceux qui veulent d'une manière ou d'une autre soutenir les migrants qui arrivent et ceux qui sont en désaccord assez fondamental avec la politique migratoire du gouvernement et de l'Europe.


Malgré une volonté affichée du gouvernement Macron de donner la « priorité » à l'immigration, la criminalisation de l'aide aux migrants continue. Peut-on s'attendre à un changement dans les prochains mois ?


La poursuite des personnes solidaires avec les migrants c'est pas nouveau, ça date même de, si j'ai bonne mémoire, de Sarkozy. Les premiers qui avaient eu des ennuis étaient des gens de Emmaüs, ça fait déjà un certain nombre d'années. Rien de nouveau mais ça s'exacerbe. Concernant la politique plus globale, je pense qu'on va assister à un durcissement des ces politiques.


Nous avons assisté, il y a environ un mois et demi, à un double discours. Le discours de Macron qui avait l'air plutôt positif et le discours de Collomb et les agissements de Calais qui étaient contradictoires.


Très visiblement, et ce n'est pas pour nous surprendre, c'est la politique mise en œuvre par Collomb qui va primer. Pas seulement au niveau des choses médiatisées (Cédric Herrou, les hotspots…) mais au niveau du quotidien des associations qui œuvrent pour aider les migrants, en termes d'aide humanitaire, d'aide administrative, et qui ont de plus en plus de difficultés.


Quelles seront les prochaines actions du MRAP concernant la politique migratoire de la France ?


Les grandes associations (Amnesty international, le Secours catholique…) ont déjà en projet l'ouverture d'une grande conférence sur les migrations. Certainement que dès la fin août des concertations auront lieu entre toutes les organisations, dont le MRAP, pour voir ce qu'il est nécessaire de faire. Il est hors de question de ne pas bouger face à une telle inflexion, un tel durcissement, de la politique gouvernementale.


Propos recueillis par CH. Célinain