Débat houleux à l’Assemblée sur la question de l’accueil des demandeurs d’asile

 Débat houleux à l’Assemblée sur la question de l’accueil des demandeurs d’asile

Droite et gauche s’opposent sur le principe même de l’accueil des personnes fuyant la guerre en Syrie et en Irak. Frank Rumpenhorst/DPA/AFP


Au lendemain du débat sur l’intervention française en Syrie, députés et sénateurs se réunissent ce mercredi pour discuter de « l’accueil des réfugiés en France et en Europe ». Un débat, toujours sans vote, que la droite veut élargir à la libre circulation dans l’espace Schengen.


 


Nécessité « morale » d’accueillir les demandeurs d’asile


François Hollande a annoncé que la France accueillerait 24 000 réfugiés sur deux ans dans la foulée de l’émotion soulevée par la mort du petit Alyan sur une plage turque. Devant les parlementaires, Manuel Valls va dévoiler les mesures supplémentaires pour l’hébergement en centres d’accueil des demandeurs d’asile (CADA). Il y avait 25 000 places de CADA en juin 2015 et 4 000 autres devaient être créées d’ici à la fin de l’année. Mais cela reste insuffisant, compte tenu du niveau des demandes d’asile (environ 65 000 en 2014).


Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé samedi qu’une prime de 1 000 euros par place serait versée aux communes créant des hébergements supplémentaires d’ici à 2017. Une fois n’est pas coutume, les différents groupes de gauche devraient se rejoindre dans l’hémicycle sur la nécessité « morale » d’accueillir ceux qui fuient la guerre en Syrie et en Irak et déplorer la désunion européenne sur le sujet. Le porte-parole du groupe PS à l’Assemblée Hugues Fourage a ainsi dénoncé mardi « l’égoïsme et la cécité de la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie » qui ont fait échouer un accord européen sur une répartition de 120 000 réfugiés.


 


La droite pour une restriction de la circulation des résidents non communautaires


À droite, Les Républicains ont été dans un premier temps pris de court par la décision d’Angela Merkel d’accueillir largement les réfugiés, à l’origine du mouvement de l’exécutif français. Cet embarras s’était traduit par le refus de maires de participer à cet accueil, d’autres ne voulant accueillir que des réfugiés « chrétiens ». Plus généralement, des divergences s’étaient affirmées entre les tenants d’une position de fermeté pour ne rien céder face au Front national, comme Nicolas Sarkozy ou Bruno Le Maire, et ceux plus ouverts tel Alain Juppé qui juge le chiffre de 24 000 réfugiés « modéré et acceptable ».


Mais le rétablissement dimanche des contrôles par l’Allemagne à sa frontière avec l’Autriche face à l’afflux des migrants a permis à la droite durcir le ton. Nicolas Sarkozy a ainsi estimé mardi devant les députés LR que la chancelière avait fait avec « huit jours de retard » ce que son parti réclamait. « Il n’y aura pas d’autre solution que d’interdire la libre circulation des non communautaires », a renchéri mardi le président du groupe à l’Assemblée, Christian Jacob.


 


Peu de demandeurs d’asile veulent venir en France


Ton similaire à l’UDI, où Philippe Vigier juge que « Schengen est mort » et qu’« il faut inventer un nouvel espace ». À l’inverse, M. Cazeneuve ne fait pas la même interprétation de la décision allemande, jugeant qu’elle « ne ferme pas la porte » aux migrants, mais s’assure « que les pays en amont ont respecté les règles de Schengen ».


Le ministre de l’Intérieur a également jugé « stupide » l’idée du Front national de réinstaurer des contrôles entre l’Allemagne et la France, objectant que « ceux qui veulent venir en Europe essaient de passer en Grande-Bretagne et en Allemagne » et renvoyant à la « réalité des chiffres ». L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), qui a envoyé une équipe à Munich pour inciter un millier de Syriens et Irakiens à demander l’asile en France pour soulager l’Allemagne, n’avait convaincu que 500 personnes à la fin de la semaine dernière.


Rached Cherif


(Avec AFP)