De Regueb à Belleville, un futur festival pour le quartier de Belleville
Un festival multiculturel tunisien devrait voir le jour, dans le mythique quartier de Belleville, dans un an. Au-delà de la promotion des artistes tunisiens, ce serait une nouvelle occasion de mettre en avant les arts du monde arabe en occident. Jaleleddine Abidi, artiste et instigateur du projet avec l'association DACADA, voit encore plus loin pour créer une vraie interaction entre les artistes et les citoyens mais surtout ramener l'art à portée de tous.
Consommer la culture
« Je voulais trouver le point de rencontre entre œuvres, artistes et citoyens » explique Jaleleddine Abidi. L'artiste tunisien, installé en France depuis trois ans, tient à ramener l'art dans le sillage de « Monsieur tout-le-monde », changer cette image élitiste de l'art : « Même si je suis artiste, je ne suis pas trop intéressé par les endroits artistiques comme les galeries, les salles de spectacle parce que l'accès est un peu cher et c'est trop sélectif ».
Une difficulté venant s'ajouter au fait que « le citoyen "normal", n'est pas un grand consommateur de culture », l'artiste espère redonner ce goût via un événement rassembleur. Le but du festival tunisien de Belleville dont le nom n'a pas encore été dévoilé devra « créer l'échange entre les citoyens mais sur la place publique, dans les rues, dans les cafés… », quel meilleur endroit que ce quartier populaire pour une telle initiative.
Belleville-Tunisie
« Belleville est un quartier complètement tunisien, cafés, restaurants… Quand je suis à Belleville, je me sens à Tunis » plaisante Jaleleddine Abidi. Le but avoué est de faire découvrir des artistes tunisiens et leurs compétences : « Plein d'artistes tunisiens ont des vrais projets mais sont malheureusement invisibles. C'est pourquoi nous essayons de créer une vraie rencontre annuelle qui ne vise pas simplement les Tunisiens mais tout le monde » explique l'instigateur du projet. Pour ce dernier le but ne sera pas de faire dans le traditionnel ou le folklorique, en tout cas, pas de façon académique : « Nous pourrions faire un atelier participatif sur la préparation du Couscous par exemple, montrer comment ça se fait, quels ingrédients … Les gens ne viendront pas juste pour manger mais pour se rencontrer, partager et échanger ».
L'exemple de Regueb
En mars 2011, à peine deux mois après la révolution en Tunisie, Jaleleddine Abidi a fondé et dirigé le Festival de la révolution de Regueb. Cet événement s'est installé dans les endroits publics, les cafés de la ville et le tout sans aucune aide de l'Etat. Une indépendance revendiquée qui a créé quelques frictions. « Nous avons invité des artistes de France, d'Allemagne. Nous avons tourné des court-métrages dans la durée du festival, tous projetés à la fin du festival. Certains ont même gagné des prix dans des concours internationaux », une expérience collective dont il voudrait s'inspirer en installant des ateliers de peintures, photographie, théâtre et autres dans les rues de Belleville. Et toujours tourné vers ce même objectif : « Nous visons les citoyens, les habitants ! ».
F. Duhamel