De nouveaux éléments jettent le trouble sur l’affaire Ramadan
Le parquet, qui a ouvert une enquête préliminaire pour « viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort », s'est vu remettre le 15 novembre par les avocats de la défense le contenu d'une conversation privée entre leur client et son accusatrice, Henda Ayari, de longs mois après les faits présumés, apprend-on aujourd’hui jeudi.
Une vieille conversation privée vient de refaire surface, exhumée par la défense. Elle révèle « toute la complexité de l'affaire Ramadan » selon le Parisien. Le 5 juin 2013, soit quinze mois après le viol dont elle dit avoir été victime : Henda Ayari reprend contact avec l'islamologue Tariq Ramadan sur Facebook. Dans cette conversation de juin 2013 que le parquet s'est vu remettre mercredi, la jeune femme ne fait nulle part référence à son agression présumée. Ses avocats évoquent un contexte de « pressions psychologiques ».
« Salam Tariq comment vas-tu ? » débute Henda Ayari en ce mois de juin 2013. « Salam. J'espère que tu vas bien. Que me vaut l'honneur ? » répond Ramdan. « Ça fait longtemps, je voulais avoir de tes nouvelles », reprend-elle. « Et pourquoi ? Insultes et menaces ont été tes derniers mots. Pourquoi revenir ? » demande l’islamologue. Dans plusieurs médias, Henda Ayari avait expliqué qu'elle avait effectivement continué à entretenir des liens épistolaires avec Ramadan après la nuit des abus sexuels présumés, mais que les échanges s'étaient achevés par des insultes après « son refus d'envoyer une photo d'elle dénudée ». Version qui se trouve être contredite par ces nouveaux éléments.
Le 5 juin 2013, Henda Ayari s'épanche : « Nous sommes des êtres humains avec nos failles. J'étais dans une période difficile et instable et des personnes qui te haïssent m'ont monté la tête contre toi en te faisant passer pour un monstre pervers et sans cœur. »
Eléments confortant une subordination de témoin
Elle poursuit : « Une certaine personne m'a vraiment monté contre toi et m'a dit des choses très graves sur toi. Je l'ai crue et je le regrette car par la suite j'ai constaté que c'était une folle et une hystérique. Je pense qu'elle m'a menti sur beaucoup de choses te concernant. » A aucun moment Henda Ayari ne révèle le nom de cette « personne », mais il s’agit vraisemblablement de la journaliste Caroline Fourest. « C'est trop tard. Tu as trop parlé et tu as fait du mal. Avec des gens aux mauvaises intentions. Sois heureuse maintenant », rétorque l'intellectuel.
Le lendemain, le 6 juin 2013, après avoir été bloquée par Ramadan, elle lui écrit à nouveau. « Je te demande pas d'oublier mais juste de me pardonner […] je n'ai pas la moindre rancœur contre toi […] je ne souhaite plus que tu reviennes dans ma vie ni qu'on se revoit mais je veux qu'on conserve un esprit fraternel et bienveillant. » Dans ses propos, on ressent toute l'admiration qu'Ayari éprouve manifestement encore pour Ramadan : « Tu as tes défauts comme moi mais aussi des qualités alors stp ne me bloque plus. Ne me prive pas de ta page et laisse-moi juste lire tes beaux écrits que j'ai toujours aimés tant lire pour méditer dessus. »
C’est à présent à l’expertise de la justice de considérer comme recevables ces nouveaux éléments. Affaire à suivre.
S.S
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