De Calais à Paris : un accueil, pas si digne, des réfugiés
Huit mois après son ouverture, le « camp humanitaire » de la Chapelle (Paris 18ème) montre déjà ses limites. Mis en place avec l'espoir d'un accueil digne des réfugiés et migrants, la structure se révèle sous-dimensionnée. En guise d'accueil, les nombreux réfugiés campant aux alentours du « camp humanitaire » se retrouvent face à des CRS et parfois, comme mercredi matin (21 juin), les choses dégénèrent.
De Calais à Paris
En visite à Calais aujourd'hui (23 juin), Gérard Collomb, ministre de l'Intérieur, a affirmé qu'il n'y aurait pas de centre d'accueil d'urgence dans la ville. Ce dernier craint qu'un tel centre ne soit débordé. Si encore beaucoup de réfugiés et migrants sont restés aux alentours de la ville après la fermeture de la « Jungle », ils sont nombreux à être retournés à Paris.
Pour faire face, notamment, à cet afflux, en novembre dernier, la mairie de Paris ouvrait un « camp humanitaire » à la Chapelle.
Huit mois plus tard, le GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigrés) font un bilan peu réjouissant : « ce camp est en permanence saturé faute de volonté des pouvoirs publics d’ouvrir suffisamment de places d’hébergement. Autour, plusieurs centaines de personnes vivent dans une situation de précarité extrême et font l’objet d’une répression policière qui s’est accrue depuis l’ouverture du camp ».
Les places dans le centre sont donc rares et chaque matin, les nombreux candidats sont accueillis par un cordon de CRS en surveillant l'entrée.
Files d'attente et bombe lacrymogène
Places insuffisantes, campement de réfugiés autour du centre, forces de l'ordre en faction, autant d'éléments qui font que parfois la situation peut être explosive comme le rapporte le GISTI : « alors que plus de soixante-dix personnes patientaient, la police trie au compte-gouttes les exilés et ne laisse entrer qu’une dizaine de personnes. Un mouvement de foule s’ensuit, réprimé immédiatement par la police qui repousse fermement les exilés et les gaze. Deux personnes tombent
inanimées ».
Les faits se sont déroulés mercredi matin et aucun blessé n'est à déplorer. Simplement, les capacités limitées du « camp humanitaire » créent forcément de la frustration mais également de la violence psychologique et administrative : « A l’intérieur comme à l’extérieur, ce camp ne génère que violences : à l’extérieur il faut vivre à la rue, sans eau ni nourriture, se faire « parquer » et nasser, se faire gazer, se faire arrêter. A l’intérieur la maltraitance administrative prend le relais : tri des personnes, entrave à l’enregistrement des demandes d’asile, remise à la rue d’une grande proportion des exilés » selon l'organisation de soutien aux immigrés.
Comme le révèle l'intervention du ministre de l'Intérieur à Calais et les incidents au « camp humanitaire » de Paris, les pouvoirs publics n'ont pas encore trouvé de solution pour accueil digne des réfugiés. Le peu de structures mises en place laissent dubitatif quant à la volonté de régler cette situation.
CH. Célinain