Dans l’Essonne, la fin du remboursement des repas de cantines pendant le ramadan
Officiellement, le nouveau règlement ne vise personne en particulier. François Durovray, le président (LR) de l'Essonne l'assure : "Nous ne stigmatisons personne. La laïcité, c’est le respect de toutes les religions, mais ce n’est pas non plus adapter le service public aux convenances de chacun".
À partir de la rentrée scolaire prochaine, les 100 collèges de l’Essonne appliqueront le même règlement intérieur. Désormais, plus aucun repas manqué pour "convictions personnelles" ne sera remboursé.
Une mesure dénoncée par le groupe d’opposition RGE (Rassemblement de la gauche et des écologistes), qui y voit une "stigmatisation des élèves pratiquant le ramadan".
"C'est un peu dommage d'arrêter ça, et, surtout, de le stigmatiser dans cette période où il y a un peu de tensions communautaires. Ça aura des répercussions à partir de l'année prochaine, notamment sur le paiement pendant le mois de ramadan : ceux qui ne viendront pas manger devront quand même payer le repas", regrette, le socialiste David Ros, président du groupe d'opposition de gauche au département.
Le département de l'Essonne compte une centaine de collèges, dans lesquels les principaux décidaient au "cas par cas" des mesures à appliquer. Dans l'un de ces établissements, situé à Evry, 50 des 250 demi-pensionnaires se sont absentés pendant le dernier ramadan, en juin.
"La participation des familles ne correspond qu’à 20 ou 25 % du prix réel d’un repas. Nous avons des frais fixes, les personnels par exemple, qui restent les mêmes. Nous ne rembourserons donc plus les repas manqués même si les familles nous préviennent à l’avance. Mais nous continuons, bien entendu, de servir des repas halal, des repas bios… Ce nouveau règlement a été pris en concertation avec les chefs d’établissements", tente de tempérer François Durovray.
Sarah, habitante d'Evry et maman de deux collégiens, ne décolère pas. "Pourquoi ne pas aller vers un système moderne et clair, avec une carte électronique et une facturation à l'unité des repas ?, questionne-t-elle. Les restaurants d'entreprise le font sans problème".
"Pourquoi ne pas plutôt veiller à la qualité de ce que mangent nos enfants", interroge encore Sarah.
"C'est plus facile d'inventer un énième problème avec les musulmans". "Ces musulmans s'ils ne mangent pas, n'ont pas à payer le repas", conclut Sarah.
Nadir Dendoune