DAC-ADA, favoriser l’échange inter-méditerranéen
Ce week-end (26 septembre), l'organisation d'une soirée culturelle à Saint-Michel-sur-Orge, a signé l'acte de naissance de l'association DAC-ADA (Développement artistique et culturel – Amis des artistes). Selon la présidente de l'association, Raouda Jabbari, le but est de transmettre les cultures méditerranéennes (pas uniquement tunisiennes) en France et d'apporter son soutien aux artistes en organisant des événements artistiques qui bénéficieront à ces derniers.
Pour la soirée de samedi, autour de la redécouverte du Couscous, l'association a été aidée par le chanteur tunisien renommé Ridha Diki, lui-même très engagé sur les questions culturelles en Tunisie. DAC-ADA, les relations culturelles entre la France et la Tunisie, l'artiste nous répond.
LCDL : Samedi soir a eu lieu le dîner de lancement de l'association DAC-ADA. Quel a été votre rôle lors de cette soirée ?
Ridha Diki :Mon rôle dans la soirée de présentation de DACADA consistait à me rendre utile et à contribuer à sa réussite. J'ai eu la chance d'avoir été cuisinier en France les années 70 et en rentrant en Tunisie j'ai pu faire « chef Cuisto » dans une collectivité jusqu'à 1985, année où j’ai choisi de faire de l'animation dans un village de vacances. Cette soirée DAC-ADA m'a permis d'être au « four et au moulin » et cela m'enchante. Raouda, la présidente, a rassemblé une pléiade d'artistes connus et moins connus pour présenter leurs œuvres et un ingénieur du son chevronné, M. JL Leroux, était aux commandes pour l'occasion.
Quelle a été votre motivation pour participer à un tel projet ? Resterez-vous investi dans l'association ?
Je suis motivé par le fait que c'est une noble cause de rassembler du beau monde et de « recréer » cet esprit de fête autour d'un thème en y mettant du cœur. Oui je resterai à DAC-ADA, de près ou de loin.
Est-il envisageable de voir l'association travailler en relation avec la Tunisie ?
Oui, l'association basée en France, va travailler plus étroitement encore avec la Tunisie et plus largement encore avec les pays du Maghreb et les pays du bassin méditerranéen, et ce, dans les deux sens, pour rapprocher les cultures et consolider les relations ; c'est sa politique première. Cela se fera en partenariat avec les associations locales.
Après les « soulèvements » de 2011 en Tunisie, certains parlaient d'une libération culturelle. Est-ce également votre sentiment ?
Après le "soulèvement", nous constatons malheureusement que la culture en Tunisie tend à laisser des plumes, et même que plusieurs anciens acquis se perdent… Les nouveaux gouvernants s'étaient même permis de prélever une bonne partie du budget du ministère des Affaires culturelles … pour le consacrer à celui du culte …!
Vous semblez plutôt critique concernant la politique culturelle en Tunisie, pourquoi ? Et comment pourrait-elle être améliorée ?
Mon cheval de bataille en Tunisie est et restera, les droits d'auteurs et compositeurs, tant que ce secteur ne sera pas structuré, nous aurons de la peine à voir éclore des créateurs nouveaux et originaux. Déjà « Création » en arabe « Khalq » en dérange plus d'un. On vous répond : « la Création est l’œuvre de Dieu… ». C'est aux gens de la culture eux-mêmes de se prendre en main et de s'unir. Le ministère de tutelle compte 7000 employés, c'est énorme !
Faire des projets réunissant les deux rives de la méditerranée, peut-il être bénéfique aussi bien à la France qu'à la Tunisie ?
Oui, des projets réunissant les deux rives de la méditerranée ne feraient que faire briller davantage le soleil et réchauffer les cœurs mais aussi faire prendre conscience à tout un chacun. Un centre culturel français est au stade de la finition et il a pris place dans les anciens bâtiments du Lycée Carnot, en plein centre de Tunis Ville, je suis convaincu que les pouvoirs politiques en Tunisie viendront s'inspirer et travailleront à finir l’œuvre grandiose et inachevée de la cité culturelle de
l'avenue Mohamed V à 500 mètre de là. Des associations travaillent déjà et s'activent à réussir des opérations qui portent leurs fruits et c'est de bon augure.
Comment voyez-vous l'avenir de la culture en Tunisie ?
L'avenir de la culture en Tunisie est aux mains de cette nouvelle génération qui se sent déroutée et sans identité. Je reste toutefois optimiste qu'il y aura un sursaut très prochainement.
Propos recueillis par F. Duhamel