Crise migratoire : la « solution libyenne » et la Méditerranée abandonnée

 Crise migratoire : la « solution libyenne » et la Méditerranée abandonnée

Méditerranée


Pour les Européens, il semble de plus en plus clair que les solutions à la « crise migratoire » seront à chercher en dehors des frontières du Vieux continent et, plus spécifiquement, sur le continent africain. Concernant la France, dans son intervention d'hier (27 juillet), le président de la République, Emmanuel Macron, va également dans ce sens avec la création de centres en Libye.


L'enjeu libyen


Début juillet, les ministres des Affaires étrangères de pays européens et de pays africains d’origine et de transit des migrants se réunissaient à Rome pour réfléchir à un « plan d'urgence » pour que l'Italie ne soit pas le seul pays européen à accueillir sur ses côtes les bateaux de migrants.


Pour nombre de ces ministres une solution se dégageait comme l'indiquait le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano : « Pour faire baisser le nombre de ceux qui arrivent chez nous, il faut faire baisser le nombre de ceux qui arrivent en Libye ». Renforcer les contrôles et lutter contre les passeurs mais en Libye.


Hier (27 juillet) ; lors de son discours sur l'immigration prononcé à Orléans, Emmanuel Macron allait également dans ce sens en annonçant la création de « hot spots » (centres d'examen pour les candidats à l'asile) en Libye.


Délocaliser la procédure en Libye, une solution qui laisse les organisations de soutien des migrants perplexes : « l’hypothèse de la création de centres en Libye, qui n’a signé ni la Convention de Genève sur les réfugiés, ni aucun autre traité international de protection des droits humains, apparaît à la fois choquante et irréaliste. Dans ce pays, les personnes migrantes sont quotidiennement les victimes de traitements indignes et de violences » indique La Cimade.


Méditerranée abandonnée ?


Depuis que les politiques européennes s'éloignent de plus en plus d'une stratégie de recherche et de secours en mer Méditerranée, ce sont des associations qui ont pris le relais. Ainsi SOS Méditerranée et Médecins sans frontières affrètent un bateau, l'Aquarius, pour faire des missions de sauvetage, principalement en Méditerranée centrale, passage le plus mortel pour les personnes qui quittent l'Afrique pour venir en Europe.


Des sorties en mer ardues et coûteuses permettant de sauver de nombreuses vies mais qui semblent ne pas plaire à tout le monde. Ces derniers mois, un groupuscule d'ultra-droite européen aurait fait affréter un navire, à hauteur de 75 000 euros grâce à une campagne de crowdfunding, pour entraver l'action de l'Aquarius. Une action montrant bien le climat délétère, en Europe, autour de ces questions d'immigration.


Pourtant, SOS Méditerranée n'a nullement l'intention de se laisser dévier de son objectif : « Nous restons fixés sur notre mission humanitaire d'urgence, en déplorant que ce genre de choses arrivent ».


L'année 2017 a été l'une des plus meurtrières en méditerranée avec 2.072 migrants morts en tentant la traversée ces six derniers mois, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).


CH. Célinain