Commémoration « Expulsion de l’église Saint-Bernard » : 20 ans déjà.
L'an dernier, les expulsions musclées de la Halle Pajol, de la Chapelle et bien d'autres depuis, rappelaient tristement l'inertie des gouvernements français successifs concernant la régularisation des « sans-papiers ». Voilà 20 ans (23 août 1996) que des sans-papiers étaient brutalement expulsés par les CRS. D'hier à aujourd'hui, peu de changements, c'est pourquoi l'Union nationale des sans-papiers (UNSP) organise une journée débat ainsi qu'une grande manifestation pour garder en mémoire ces faits et appeler à continuer la lutte.
Etat d'urgence et politique sécuritaire
20 ans après l'expulsion de l'église Saint-Bernard, les conditions et l'environnement des sans-papiers a bien changé. En tête de liste des faits précarisant encore plus la vie des sans-papiers, les décisions sécuritaires et notamment la prolongation de l'état d'urgence : « Elles donnent tout pouvoir aux forces de police d'investir à l'aube nos lieux de vie, se traduisant par des arrestations intempestives allant jusqu'à l'enfermement et l'expulsion. Nos foyers sont l'objet de toutes les « attentions », des gérants ferment arbitrairement (cuisines lieux de prière) brisant notre vie communautaire » explique l'UNSP. Une politique sécuritaire renforçant paradoxalement l'insécurité des migrants, en France mais également en Europe : « Sur toutes les frontières européennes, et sur nos frontières (Calais, Vintimille etc.) la mer Méditerranée est devenue le plus grand cimetière où des milliers de migrants sans distinction hommes, femmes et enfants trouvent la mort en fuyant des pays détruits par des guerres impérialistes ».
Circulaire Valls
Oui, l'arrivée de la Gauche au pouvoir en 2012 a suscité beaucoup d'espoirs. Oui, la politique proposée a très vite déçu des sans-papiers qui ont vu le gouvernement en place continuer le travail du gouvernement Sarkozy et des précédents gouvernements de droite : « La circulaire Valls du 28 novembre 2012 n'a fait pour l'essentiel, que proroger l'injustice des lois Pasqua de 1993. En effet en la matière, les préfectures exigent que nous fournissions des fiches de paie sur plusieurs années, alors que notre statut de sans-papiers ne nous permet pas de les obtenir. Ainsi se poursuit le travail au noir, encourageant l'exploitation patronale, les fausses déclarations, la politique discrétionnaire des préfectures » selon l'UNSP. Un cercle vicieux dans lequel sont enfermés les sans-papiers depuis plusieurs dizaines d'années…
A travers une journée débat (26 août, Saint-Ouen) et une manifestation (27 août) qui mènera de la place de la République à l'église Saint-Bernard, l'Union nationale des sans-papiers tient à faire passer le message suivant : « 20 ans après la lutte des Sans-Papiers continue plus que jamais ! ».
F. Duhamel