Charlie Hebdo menace de licencier la journaliste franco-marocaine Zineb El Rhazoui
La journaliste de Charlie Hebdo a été convoquée pour un entretien préalable à un licenciement, mais seulement pour la « rappeler à ses obligations minimales vis-à-vis de son employeur, suite à de nombreux incidents », a indiqué vendredi une porte-parole de la direction.
Couple sous protection policière depuis les attentats
La direction n'a pas voulu divulguer ses griefs envers Mme El Rhazoui, sociologue franco-marocaine militante contre l’islamisme, cible avec son mari de menaces de mort par des djihadistes en février dernier.
Dans une interview au Monde, elle a indiqué ne pas comprendre le motif de cette convocation. « Je suis choquée et scandalisée qu’une direction qui a bénéficié d’autant de soutien après les attentats de janvier fasse preuve d’aussi peu de soutien envers un de ses salariés, qui est sous pression comme tous dans l’équipe et fait l'objet de menaces », a-t-elle commenté.
Par ailleurs scénariste de l'album « La Vie de Mahomet », dessiné par Charb, Mme El Rhazoui vit depuis sous protection renforcée, à Paris. « Mon mari a perdu son emploi, car des djihadistes ont dévoilé son lieu de travail, il a dû quitter le Maroc, je suis menacée, je vis dans des chambres d’amis ou à l'hôtel et la direction envisage de me licencier… Bravo Charlie », a-t-elle commenté.
Tensions autour du magot de Charlie Hebdo
Elle a aussi expliqué ne pas avoir pu travailler normalement depuis les attentats de janvier. « On ne peut pas reprocher aux gens d’aller mal et de ne pas se comporter en bons ouvriers, on vit dans des conditions chaotiques. C’est impossible de faire des reportages sous protection policière », explique-t-elle.
Ce différend intervient alors que la rédaction est divisée depuis les attentats. Quinze salariés, dont Mme Rhazoui, sur la vingtaine que compte le journal, ont réclamé en avril une nouvelle gouvernance et un statut d'« actionnaires salariés à parts égales », disant « refuser qu'une poignée d'individus prenne le contrôle » de l'hebdomadaire. Les contestataires, qui comprennent aussi l'urgentiste Patrick Pelloux, le dessinateur Luz et le journaliste Laurent Léger, estimaient que Charlie Hebdo était devenu désormais un « bien commun ».
Le journal, qui a recueilli près de 30 millions d'euros en dons et ventes depuis l'attentat, est détenu actuellement à 40 % par les parents de son ex-directeur de la rédaction Charb, tué dans l'attaque du 7 janvier, 40 % par le dessinateur Riss, nouveau directeur de la publication, blessé à l'épaule lors de l'attaque, et 20 % par le directeur financier Éric Portheault.
Rached Cherif