« Cette photo, ce n’est rien par rapport à celles que j’avais pu faire en Syrie »
Sa photo d’un CRS en feu lors du défilé parisien du 1er mai a fait le tour du monde (New York Times , Le Devoirou, El Pais…). Ce cliché a permis à Zakaria Abdelkafi, photojournaliste de guerre, de se faire connaître et de raconter son histoire. Il revient pour nous sur cet épisode.
LCDL : Pourquoi est-ce que vous pensiez que l’AFP ne diffuserait pas cette photo ?
Zakaria Abdelkafi : En tant qu’employé de l’AFP, je sais quelle photo va les intéresser. Mais je leur ai quand même posé la question pour savoir s’ils voulaient cette photo car je suis freelance avec eux.
Est-ce que vous pensez que c’est un bon prétexte de ne pas diffuser une photo car elle est trop violente ?
Non. En Syrie j’avais vu pire que ça, j’avais pris des photos d’enfants morts, des familles sous les gaz chimiques de Bachar Al Assad et j’avais pris des photos vraiment plus violentes que celle-là. Cette photo, ce n’est vraiment rien par rapport aux photos que j’avais pu faire en Syrie.
Est-ce qu’il y a une limite ? Est-ce qu’à un moment vous vous dites, « je ne peux pas prendre cette photo » ?
Je ne me suis jamais mis de limites. Moi je sors pour prendre des photos et montrer au monde entier ce que je vois. Tout ce que je vois, j’aime que le monde entier le voie aussi. Je préfère montrer la vérité aux gens.
Est-ce que vous ne trouvez pas ça hypocrite de la part des médias français d’attendre qu’une de vos photos soit très connue et prise en France pour que l’on parle de votre histoire ?
Cette photo est historique. Je ne pense pas qu’ils soient hypocrites de ce côté-là, je fais juste mon métier et je transmets mes photos. Je sais que chaque journal et chaque article a ses règles.
Est-ce que votre blessure à l’œil a changé des choses dans votre vie ?
Le fait que je perde mon œil, ça m’a poussé à mieux réussir ma vie, donc c’était un pas de plus pour avancer vers la victoire.
Comment vous projetez-vous pour l’avenir après ce buzz ?
Je continuerai mon travail et il y aura encore plus de réussite.
Propos recueillis par Lina Badreddine