« Ce qu’ils font est juste », un livre résistant
C’est un recueil de textes signés par de prestigieux auteurs. « Ce qu’ils font est juste », paru aux éditions Don Quichotte, est une série de nouvelles qui content ces histoires anonymes que l’on n’ose deviner derrière les regards de ceux qui trouvent refuge aujourd’hui en France.
Acheter ce livre constitue un délit, vous risquez des poursuites pénales. La journaliste Béatrice Vallaeys a dirigé ce recueil. Elle prévient le lecteur, certes à la toute fin de l’ouvrage et non sans ironie.
L’ensemble des droits d’auteurs sera reversé aux associations « La Roya citoyenne » et « Terre d’errance », deux structures qui aident les « échoués » à « fouler la terre de France ».
La loi punit en effet toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irréguliers d’un étranger en France encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende ». C’est l’article L622 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Béatrice Vallaeys rappelle d’ailleurs que ce texte a vu le jour en 1938.
Contrairement aux idées reçues, il n’est pas issu d’une loi vichyste. Il s’agit d’un décret-loi, signé par le Président du Conseil Edouard Daladier, et directement inspiré de l’idéologie du « meilleur spécialiste de l’immigration en France » de l’époque : Georges Mauco, qualifié par certains historiens d’« ethnoraciste pratique et antisémite filleux ».
Depuis 30 ans, des militants des Droits de l’homme réclament la suppression de l’article L622. En 2018, le texte célébrera ses 80 ans. « Gageons qu’il aura encore de beaux jours devant lui », conclut Béatrice Vallaeys.
Furie des eaux
Parmi les textes proposés dans cet ouvrage collectif, il y a les illustrations de Enki Bilal (cf photo). Il y a aussi la plume de la romancière Fatou Diome, avec sa nouvelle intitulée « Le bleu de la Roya ». Elle nous conte l’histoire de Samira, qui a fui la Libye, avec sa fille Leïla.
C’est une de ces « survivantes », et non réfugiées, qui a pu sortir vivante de « la furie des eaux », « parce que la volonté humaine est plus forte que le destin qui voulait la Libyenne perdante », elle, qui a été aidée par « le berger de la Roya », désormais inquiété par la justice.
Il y a aussi « Il aura deux noms », l’histoire de ce jeune homme, racontée par Leïla Sebbar. Ce « mineur isolé », comme on les appelle chez nous, a quinze ou seize ans, ne veut pas quitter son pays, mais est contraint de le faire. « Vous m’envoyez à la mort. Quand on part loin, tout seul, on meurt. Je veux pas mourir ». Il part vers ce « pays des merveilles », ne parle à personne, marche à travers des champs, trouve refuge dans une ferme, et croise un enfant qui décide de l’appeler Rémi, comme « Rémi sans famille ».
Chloé Juhel
« Ce qu’ils font est juste », ouvrage collectif, paru aux éditions Don Quichotte