Campement de migrants quai d’Austerlitz : « la pratique de la poussière sous le tapis »
Alors que toute la France a encore les images de migrants brutalement expulsés de leurs campements à La Chapelle (Paris 18e) par les forces de l'ordre le 2 juin dernier, la situation est loin d'être réglée. Aucune solution n'a été trouvée, beaucoup de ces migrants dorment encore dehors, parfois dans des camps de fortune comme sur le quai d'Austerlitz (Paris 13e). Alors que l'on rentre au cœur de la période estivale, les associations craignent une nouvelle expulsion.
La Chapelle bis ?
« Nous sommes vigilants mais avec l'été nous perdons des troupes » confie Marc Naelten de l'association RESF 5e-13e. Plusieurs militants et membres d'associations se rassemblent tous les jours au camp des migrants, quai d'Austerlitz, craignant l'expulsion : « Ils peuvent attendre une période très calme au-delà du 14 juillet pour que les choses se fassent et qu'il n'y ait pas suffisamment de témoins pour garantir que les choses se fassent correctement ». Malgré tout, le membre de RESF ose espérer que l'Etat et la ville de Paris ne fassent pas la même erreur qu'à La Chapelle : « Je pense que nous ne sommes plus dans la configuration de La Chapelle. Le bide a été suffisant pour que ça ne se reproduise pas. Avec un tel échec politique et médiatique, ils n'ont peut-être pas envie de le rééditer ».
Un hébergement pérenne
Ce sont entre 200 et 300 migrants qui composent le camp du quai d'Austerlitz. Une population dans des situations très variées. Certains sont éligibles à l'asile mais n'ont pas entamé les démarches faute de domiciliation par exemple, certains sont en procédure OFPRA, certains sont tout simplement des sans-papiers… Cependant la revendication des associations est la même pour tous : « Un hébergement pérenne pour tout le monde quelle que soit la situation administrative
du point de vue du séjour et la possibilité d'un suivi des migrants dans l'ensemble de leurs procédures par les associations qui ont la possibilité de le faire ».
Mépris
Le silence du gouvernement concernant cette affaire est plus que consternant pour les associations : « C'est une forme de mépris. C'est la pratique de « la poussière sous le tapis » ». En effet, si les hommes politiques français étaient bien indignés par les morts en méditerranée, le sort des rescapés semble être un souci différent : « La représentation du malheureux qui meurt en méditerranée, ça fait les titres. Mais une fois que celui qui s'en est sorti, arrive sur les côtes italiennes (ou espagnoles, voire grecques ou turques) et qu'il entame un processus de rejoindre un pays dans lequel il espère faire sa vie, là il passe du malheureux au migrant qui n'est pas le bienvenu » note Marc Naelten, entre déception et agacement.
Dans ces conditions, des images comme celles de l'évacuation de La Chapelle risquent bien de revenir avant la fin de l'été…
F. Duhamel