Calais : pointées du doigt, les associations dénoncent des « accusations mensongères »

 Calais : pointées du doigt, les associations dénoncent des « accusations mensongères »

Les associations estiment que leur travail de dénonciations des dérives des autorités est la cause de la calomnie dont elles font l’objet. Denis Charlet/AFP


Près d’une trentaine d’associations de défense des droits humains et des migrants en particulier ont cosigné un communiqué dénonçant le discours des autorités quant à la situation dans le Calaisis. Pointées du doigt comme les responsables des violences entre migrants et forces de l’ordre, ces organisations estiment que la vraie violence est celle qui consiste à laisser des personnes survivre dans des conditions indignes.


 


Quand le sage montre la Lune…


Depuis le verrouillage de la frontière franco-anglaise de Calais, la ville est devenue un cul-de-sac pour les nombreux migrants qui ont traversé l’Europe dans l’idée de rejoindre le Royaume-Uni en quête d’une vie meilleure. En raison de cette impasse, la « jungle », camp de fortune où s’entassent des migrants sans abri, est devenue un lieu de tension où se multiplient les incidents.


Tour à tour, le ministère de l’Intérieur, la maire de Calais, la préfète du Pas-de-Calais ont pointé les associations « No border » – réclamant la liberté de circulation des personnes – d’être les responsables des violences qui ont eu lieu ces dernières semaines, notamment entre migrants excédés et force de l’ordre. Les militants associatifs inciteraient selon eux les habitants du camp à se rebeller et à envenimer la situation pour servir leur propre combat.


 


De quel côté est la vraie violence ?


Des accusations que ces associations qualifient de « mensongères et infondées » dans un communiqué signé par une trentaine d’organisations, dont la Ligue des droits de l’Homme, le réseau Migreurop, le MRAP, Alternative libertaire, le Parti communiste, le NPA ou encore plusieurs communautés Emmaüs. Elles rappellent qu’elles sont les principaux soutiens aux migrants, se substituant même à l’action défaillante de l’État pour apporter un soutien matériel et des accompagnements administratifs, juridiques et sanitaires.


Selon les signataires, c’est justement « cette obstination à établir et à dénoncer les violences institutionnelles que les pouvoirs publics entendent faire payer aux No Border, n’hésitant ni à user de la calomnie pour les marginaliser, ni à instrumentaliser l’appareil judiciaire ». Un constat que semble corroborer le rapport sur la situation à Calais rendu public par le Défenseur des droits sur la situation. Celui-ci faisait état de violences policières et de conditions de vie indigne dans la jungle de Calais.


En effet, ces milliers de personnes exilées à cause de la guerre, de persécutions ou simplement de la misère sont contraintes de survivre « dans un terrain éloigné de tout, sans toit, quasiment sans eau, ni toilettes, sans accès aux soins suffisants ni à une information juridique de qualité », martèlent les associations indignées : « La violence n’est-elle pas dans l’indignité d’un tel traitement ? »


Rached Cherif