Calais : Des mineurs étrangers victimes de travail forcé selon une ONG britannique
Des enfants étrangers pris en charge au moment du démantèlement du camp de Calais ont été obligés de travailler dans des vergers selon l’association britannique Safe Passage UK. Alors qu’ils devaient faire l’objet d’un traitement adapté et être transférés dans des centres d’accueil pour mineurs, certains enfants migrants ont raconté avoir dû notamment récolter des pommes dans des conditions particulièrement éprouvantes. De manière générale, la prise en charge des mineurs fait l’objet de critiques croissantes de la part des travailleurs humanitaires.
Prise en charge des mineurs défaillante
L’ONG Safe Passage UK a mené une série d’entretiens avec des enfants du camp de Calais. Conduites dans la langue de chaque migrant, ces interviews ont révélé d’inquiétantes défaillances dans la prise en charge des mineurs.
Environ un quart n’a ainsi pas reçu de vêtements propres depuis son arrivée dans une structure d’accueil après avoir été évacué de la « jungle ». Sur les 33 jeunes interrogés, trois ne se sont même adressés à personne (avocat, responsable, volontaire, etc.). Seuls cinq ont pu rencontrer un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. La même proportion indique ne pas se sentir en sécurité. Certains ont même indiqué que plusieurs de leurs camarades avaient quitté les centres et qu’ils pensaient en faire de même.
Forcés de « récolter des pommes »
Plus inquiétant, trois des sondés ont été forcés de travailler dans les champs pour « récolter des fruits destinés à des supermarchés ». L’ONG ne précise pas comment des enfants se sont retrouvés dans cette situation.
Par ailleurs, des jeunes ont fait état d’adultes partageant leur espace réservé aux mineurs. « Je ne suis pas bien ici, ça ressemble à une prison, nous n’avons aucune distraction et nous restons tout le temps dans notre chambre. Ce n’est pas un endroit sûr, nous vivons parmi des adultes de plus de 20 ans », rapporte l’un d’eux lors de l’interview.
Plusieurs de ces mineurs sont éligibles à un transfert au Royaume-Uni où ils ont souvent des proches prêts à les accueillir. « Je ne suis pas heureux dans cet endroit, s'il vous plait, prenez-nous avec vous au Royaume-Uni, nous n'avons pas de bonne nourriture, de vêtements », a demandé un autre enfant aux membres de l'ONG britannique.
L’espérance d’une vie meilleure de l’autre côté de la Manche pousse pour le moment les enfants concernés à patienter dans les centres d’accueil : « J’attends le traitement de ma demande pour aller au Royaume-Uni, je ne suis pas content ici. Je compte chaque heure de chaque jour avant d’arriver à Londres ».
Rached Cherif