Blocage du collège Pierre Sémard (Bobigny) : le ras-le-bol de l’enseignement se propage en Seine-Saint-Denis

 Blocage du collège Pierre Sémard (Bobigny) : le ras-le-bol de l’enseignement se propage en Seine-Saint-Denis

Mobilisation des enseignants du collège Pierre Sémard de Bobigny contre les dotations horaires


 


Les établissements scolaires de Seine-Saint-Denis grondent. Jules Vallès et le collège Fabien à Saint-Denis, le collège République à Bobigny et bien d'autres à La Courneuve, Saint-Ouen ou Aubervilliers, ont été bloqués ou en grève depuis début 2015. Le dernier en date, le collège Pierre Sémard « bloqué » depuis treize jours par les professeurs et parents d'élèves. En cause, les dotations horaires, à la baisse, prévues pour la rentrée 2015. La demande reste la même : des conditions d'enseignements décentes pour les enfants de Seine-Saint-Denis.


 


Début avril, lors d'une journée de grève, professeurs et parents discutaient d'un moyen d'obtenir plus de moyens pour le collège : « En en parlant avec les délégués parents nous nous sommes aperçus qu'ils n'attendaient que l'aval des professeurs pour lancer une action » raconte Hugo M., professeur du collège Pierre Sémard. Très vite, les parents délégués organisaient et lançaient le blocage. Toutefois, parents et professeurs ont la volonté de ne pas léser les enfants : « Nous avons très vite mis en place un service pour que les enfants (…) puissent avoir des devoirs et continuer à préparer le brevet. Chaque matin de 8h à midi, devant le collège, nous disposons des cartons remplis de travail pour chaque classe. Les élèves viennent se servir et rendent aussi leur travail ».


 


L'après-Charlie


Dès les premiers jours du « blocage », la direction des services départementaux de l'éducation nationale (DSDEN) du 93 se montrait inflexible ne voulant recevoir les parents et professeurs tant que le collège serait bloqué. Aujourd'hui, même si la DSDEN a consenti à recevoir une délégation, les demandes ne sont toujours pas prises en compte malgré les grandes annonces du gouvernement concernant l'éducation suite aux attentats de janvier : « Nous demandons juste des conditions d'enseignement qui nous semble à la hauteur des enjeux historiques de l'éducation prioritaire. Nous sommes dans le contexte de l'après-Charlie Hebdo. On a beaucoup parlé d'égalité, des valeurs de la République et pour nous ça commence par l'éducation (…) il faut donner les moyens de les mettre en œuvre sinon tout cela ne reste que des discours » selon le professeur du collège.


 


« Démocratie locale »


Le collège Pierre Sémard n'est pas le premier établissement de Bobigny à tenter une action. La DSDEN n'a rien réglé. Pierre Sémard tente donc une autre approche : « Il faut lancer une action globale autour de la ville de Bobigny. (…) Nous faisons des AG de ville pour obtenir une audience de ville à la DSDEN avec les représentants parents, professeurs des établissements qui sont en prise avec ces difficultés. L'audience a été refusée et on nous a proposé une audience juste pour le collège Pierre Sémard » rapporte Hugo M. Malgré tout, parents et professeurs ne comptent pas lâcher prise : « il faut que ça s'inscrive dans la durée. Nous sommes en train de construire un embryon de démocratie locale. Et d'une instance de discussion entre des collèges souvent pris isolément. C'est un réseau qui pourra se réactiver à chaque litige, conflit… ».


Les professeurs ont décidé de reconduire le blocage jusqu'au jeudi 16 avril, les parents devraient en faire de même et continuer de ne pas envoyer leurs enfants à l'école. Les établissements de Seine-Saint-Denis en ont marre et s'organisent. Le gouvernement pourrait très vite se retrouver avec une situation explosive dans le département…


 


F. Duhamel