Arbi Rezgui marche une nouvelle fois à travers la France
Il a attrapé quelques ampoules et c'est normal. Comme en 1983, quand il participait à la Marche de l'égalité (rebaptisée par les médias et la classe politique "la Marche des Beurs"), Arbi Rezgui, 51 ans, papa de six enfants, traverse de nouveau la moitié de la France à pied.
En compagnie d'autres camarades de lutte et derrière une banderole "Marche citoyenne des quartiers populaires", Arbi a quitté le 17 octobre dernier Venissieux, sa banlieue lyonnaise. Pour lui, "peu de choses ont changé en trois décennies".
"Certes, il y a moins de crimes racistes. Mais la situation des populations des quartiers populaires a empiré. On nous ghettoïse dans des ZUP, on nous discrimine quand on cherche un emploi. Et quand on évoque l’islam, c’est pour parler de Daesh", rappelle Arbi.
Comme en 1983, "face à la montée du racisme", le militant marche pour réaffirmer "les valeurs du vivre ensemble, de l’égalité et de la fraternité". "Nous, les personnes issues de l’immigration, il faut qu’on montre qu’on existe. Nous sommes des citoyens français et la France n’est pas un pays de race blanche contrairement à ce que dit Nadine Morano".
Après des haltes à Venissieux, Beaune, Villefranche sur Saône, Auxerre, Sens, etc., Arbi est arrivé en région parisienne en début de semaine. Ce mercredi 28 octobre il était à Créteil, et le 29 et 30 octobre, lui et ses amis feront la tournée des banlieues parisiennes.
Le long de leur parcours de 500 kilomètres, de nombreuses personnes (parmi elles des ruraux) les ont accompagnés un temps. Ils ont été reçus par des élus, parfois même par des maires, comme l'édile d'Auxerre, Guy Férez le 25 octobre. Arbi et ses amis atteindront Paris, ce samedi 31 octobre, juste à temps pour rejoindre un autre cortège. Celle de la "Marche de la dignité" qui partira de Barbès à 14h.
Dix ans après les révoltes sociales de 2005, le collectif Marche des femmes pour la dignité (Mafed), défilera pour dénoncer l’islamophobie, la négrophobie et la rromophobie que subissent au quotidien les populations des quartiers populaires et issues de l’immigration postcoloniale.
Nadir Dendoune