Arabe dans l’enseignement : Zekri dénonce « l’amalgame » et le « mépris » d’Annie Genevard

 Arabe dans l’enseignement : Zekri dénonce « l’amalgame » et le « mépris » d’Annie Genevard

Les réactions sont nombreuses après les propos polémiques de la députée Annie Genevard contre l’intégration de l’arabe comme langue étrangère dans l’enseignement.


L’Observatoire national contre l’Islamophobie réagit après les propos polémiques de la députée Annie Genevard sur l’enseignement de l’arabe à l’école. En interpellant la ministre de l’Éducation nationale dans l’hémicycle, l’élue LR du Doubs avait assimilé la langue de Mahmoud Darwish et d’Abou Alaa al Maari à « un outil de repli identitaire », voire de « catéchisme islamique ».


 


Amalgame, discrimination et mépris


« L’amalgame, les discriminations, le mépris n’ajoutent que frustration et repli au lieu de s’ouvrir à la culture du Monde », dénonce Abdellah Zekri, président de l’Observatoire national contre l’Islamophobie (ONCI). Il rappelle que les enfants ont un droit légitime à « apprendre la langue de leurs parents (…) afin de ne pas être coupés de leurs racines ».


Or, la réforme proposée par le gouvernement est justement d’intégrer les enseignements de langues et cultures d’origines (ELCO) au programme scolaire comme toutes les autres langues étrangères. Jusqu’à présent, les ELCO sont dispensés par des professeurs étrangers recrutés, formés et rémunérés par leurs gouvernements respectifs. D’ailleurs, l’arabe, seule langue ciblée par la députée de droite, n’est pas l’unique « langue communautaire » puisqu’on y retrouve le portugais, l'italien, l'espagnol, le turc, le serbe et le croate.


« Que dirions-nous si dans les pays étrangers on interdisait aux enfants l’apprentissage de la langue et de la culture française ? » s’interroge par ailleurs, M. Zekri qui cite la directrice générale de l’UNESCO Irina Bokova, laquelle a rappelé « l’immense contribution de (l’arabe) à la culture universelle »


 


Des propos graves et irresponsables


Dans une tribune diffusée par le Journal du dimanche, Najat Vallaud Belkacem a vertement répondu à Mme Génevard en dénonçant « la gravité et l'irresponsabilité de ces propos ». « Chacun sait combien la lecture dans le texte de Dante, Pessoa, Cervantes, Orhan Pamuk ou Naguib Mahfouz est susceptible, en effet, de miner la cohésion nationale », a ironisé la ministre, qui s’étonne que seul l’arabe soit visé par la députée.


Haussant le ton, Mme Belkacem poursuit en dénonçant « une pensée identitaire qui prône l'exclusion et le repli sur soi d'une virulence inouïe, un combat populiste et démagogique qui instrumentalise l'école de la République à des fins idéologiques inavouées, qu'il ne faut pourtant pas hésiter à qualifier de ce qu'elles sont : profondément xénophobes et opposées à la longue tradition républicaine qui a fait de la France le beau et grand pays qui est le nôtre. »


 


Maîtriser pleinement le français tout en s'ouvrant à la diversité linguistique


Elle rappelle à juste titre que sa réforme vise précisément à intégrer « en cours de langues vivantes étrangères inscrits dans le cadre de l'école laïque, gratuite et obligatoire » des enseignements qui « ne font pas l'objet d'un contrôle académique suffisant et conduisent parfois à des dérives ». Une mesure d’ailleurs soutenue par le Sénat majoritairement à droite. Dans le cadre des inévitables négociations avec les pays fournissant les professeurs d’ELCO, des accords ont déjà été trouvés avec le Maroc et le Portugal selon la ministre.


« Les études scientifiques ont montré au contraire combien le plurilinguisme améliore les compétences langagières » et donc la maitrise du français également, conclut Mme Belkacem en refusant « d'opposer notre langue aux autres dans une vision rétrécie, rabougrie et rétrograde de la France. »


Rached Cherif