15 ans de prison pour le meurtrier de Yacin A., tué de 51 coups de couteau
Jeudi 7 septembre. Il est 21h45. Gérald G., 30 ans vient d'être condamné à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Hauts-de-Seine, reconnu coupable d'avoir tué de 51 coups de couteau, le 15 décembre 2014 dans un appartement de Neuilly-sur-Seine (92), Yacin A. Danny C., poursuivi pour non assistance à personne en danger écope d'une peine de trois ans, dont deux avec sursis.
Après trois heures de délibération, les jurés ont quasiment suivi les réquisitions de l'avocat général prononcées un peu plus tôt ce jeudi. Pour l'accusé principal, Gérald G., il avait requis 15 ans, en ce qui concerne Danny C, les jurés ont été plus cléments : trois ans, dont deux avec sursis. L'avocat général avait requis deux ans ferme. Le verdict a été accueilli avec dignité par la famille. Trois jours d'audience ô combien éprouvantes pour la famille de Yacine.
Sa mère, qui a assisté à la quasi totalité des débats, au contraire du papa trop éprouvé. Assise au premier rang, elle avait souvent la tête baissée, les yeux humides. Ce jeudi après-midi, c'est elle qui est la dernière à parler avant les plaidoiries.
"C'était le seul garçon de la famille. On m'a enlevé mon fils. J'ai tout perdu", dira-t-elle, ses paroles entrecoupées de sanglots, avant de décrire un Yacine "souriant, qui aimait bien danser". "Il n'y aura plus jamais de fêtes chez nous. On aimerait tous mourir". Sans haine, dans un geste rempli d'humanité, elle se retournera vers l'assassin de son fils. "Pourquoi vous n'êtes pas venus nous voir s'il y avait des problèmes avec Yacine ?", lui implora-t-elle.
Les deux familles étaient très proches. Tout le monde le dira, les accusés, les parties civiles, même Maître Champagne, l'avocat de l'accusé aura des mots pour décrire ce lien qui existait entre ces deux familles. "Elle était belle cette histoire. Tellement différente de ce qu'on entend habituellement. Ce juif qui allait participer aux fêtes musulmanes, ce musulman qui allait aux Bar Mitzvah".
Gérald G. et Yacin A. ont grandi ensemble à la cité Python dans le 20ème arrondissement de Paris. Une enfance plutôt heureuse, comme l'ont affirmé à plusieurs reprises les proches de Yacin. Les choses se "seraient gâtées" à partir de juin 2014, six mois avant l'horrible drame. Une histoire d'argent, une dette contractée par Gérald auprès de Yacin dont on ne connaît pas l'origine exacte, aurait envenimé leurs relations.
Selon l'accusé, Yacin le harcelait. Il aurait été même emmené à la forêt de Saint-Germain (78). Yacin, accompagné d'une personne cagoulée l'aurait séquestré. Rien n'a permis pendant ses trois jours d'audience d'étayer cette hypothèse.
Le jour du drame, quelques minutes après que Yacin l’ait rejoint dans son appartement de l’avenue du Roule à Neuilly-sur-Seine, sans se douter de ce qu'il attendait, Gérald s’est déchaîné sur la victime.
Pris d’une "sorte de rage incontrôlable", submergé d’une "colère qui montait depuis des mois", d’après l’expert psychiatre. Gérald lui a d'abord asséné plusieurs coups de matraque télescopique à la tête, avant de se saisir d'un "couteau papillon". 51 coups de poignard, dont 4 lui seront fatals.
Pour les proches de la victime, il ne fait aucun doute : la mort de Yacin est un acte prémédité. Ils sont également persuadés que le meurtrier n'a pas agi seul. "Quelques mois avant sa mort, mon cousin avait rédigé une lettre où il disait craindre pour sa vie", témoigne Soraya Djennad. "Et il désignait Gérald et Laurent, le demi-frère du meurtrier, continue-t-elle.
"Nous n'avons aucun élément sérieux qui démontre qu'il y avait une autre personne", dira de son côté le procureur général M.Meslin. Un meurtre dont le mobile exact reste mystérieux. Et ce ne sont pas les regrets tardifs de l'accusé, juste avant que les jurés aillent délibérer qui apaiseront la douleur de la famille de Yacin.
"Je suis désolé de ce qu'il s'est passé. Yacin était quelqu'un d'important pour moi. Même s'il n'est plus là, pour moi, il l'est toujours. Il est comme mon grand frère. Il m'a tout appris. Je regretterai mon acte dans 10 ans, dans 20 ans". "Comment on peut dire tout ça et le tuer de 51 coups de couteau ? ", conclut dépitée Soraya.
Nadir Dendoune
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